Saint Bartlett / Our Turn to Shine par dylanesque

Avec l'aide du magicien Richard Swift, l'humble bucheron de Seattle habille ce neuvième album d'une production cotonneuse. Chœurs, cuivres, écho et fuzz fabriquent un mur du son jamais tape-à-l'œil. Grandiose sans être grandiloquent. Comme si Townes Van Zandt avait embauché Phil Spector. La production ici est toujours au service des chansons et permet à Damien Jurado, l'un de nos plus grands songwriters, de s'envoler en gardant les pieds sur terre.


Me souviens avoir pris une bonne claque en entendant pour la première fois le bien-nommé "Cloudy Shoes", single et titre d'ouverture. Jamais je n'utilise le mot "exaltant" mais si ça doit un jour m'arriver, ma définition sera cette chanson. Damien m'avait tellement habitué à regarder mes pompes l'air triste, le voilà qui me donne envie de courir avec le sourire. Les boucles de guitare du Loner mêlés aux chœurs d'un girl-group des fifties. Le reste de l'écoute sera plus familière même si, comme je le disais, agrémentée d'un son plus riche, de trouvailles sonores jamais envahissantes, xylophone par-ci, percussions par-là. Des boucles de guitare dignes du Loner ("Wallingford") se mêlent à des mélodies de girl-group fifties ("Arkansas" pourrait être une reprise des Ronettes). Si la forme est plus travaillée, le fond reste toujours aussi brut, la complainte d'un solitaire désabusé traversant d'immenses paysages désolés ("Kansas City", "The Falling Snow", petits autels de cœurs brisés). Et cette voix. Celle d'un enfant quand il déclare son amour à "Josephine". Celle d'un romantique fatigué sur "Beacon Hill". Celle sur laquelle Bon Iver bâtira sa carrière sur "You For A While".


T'as encore du boulot Justin, on en reparle si au bout de neuf albums, tu es capable de sortir une œuvre aussi réussie. Où le maquillage ne corrompt pas l'authentique. Où l'aérien cohabite avec le rustique.

Créée

le 27 déc. 2016

Critique lue 175 fois

dylanesque

Écrit par

Critique lue 175 fois

D'autres avis sur Saint Bartlett / Our Turn to Shine

Saint Bartlett / Our Turn to Shine
dylanesque
8

Critique de Saint Bartlett / Our Turn to Shine par dylanesque

Avec l'aide du magicien Richard Swift, l'humble bucheron de Seattle habille ce neuvième album d'une production cotonneuse. Chœurs, cuivres, écho et fuzz fabriquent un mur du son jamais tape-à-l'œil...

le 27 déc. 2016

Du même critique

The Knick
dylanesque
8

Critique de The Knick par dylanesque

Quand j'ai entendu parler du projet pour la première fois, je m'en foutais. Une série médicale historique sur Cinemax réalisé par Steven Soderbergh et avec Clive Owen ? Non merci, je ne regarderais...

le 11 oct. 2014

15 j'aime

1

Les Sept de Chicago
dylanesque
5

Is this prosecution politically motivated?

On peut pas demander à un centriste amoureux des institutions d'écrire un travail sérieux sur le procès de la gauche radicale. Juste recycler ses dialogues pour les faire réciter par de bons acteurs,...

le 18 oct. 2020

14 j'aime

4

7 Days in Hell
dylanesque
8

Critique de 7 Days in Hell par dylanesque

Putain je m’étais pas marré comme ça depuis au moins Broad City. "7 Days in Hell" est un téléfilm ovni diffusé sur HBO. Sous la forme d’un documentaire sportif (et reprenant parfaitement les codes...

le 14 juil. 2015

14 j'aime