J'abandonne
Là je n'en peux plus, c'est l'une de ces discos qui ne m'apporte rien et que j'ai déjà pu rencontrer dans mon périple musical alphabétique que j'ai entamé depuis 1 an. Voici déjà le 3e album...
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le 12 déc. 2014
Devo, pour ceux qui ne voient pas de quoi je parle est un groupe de rock/new-wave fondé en 1973 par les fratries Mothersbaugh (Mark, chanteur, Jim, batteur et Bob 1, guitariste) et Casale (Gerald, bassiste/chanteur et Bob 2, claviériste/guitariste) à Akron, Ohio (la ville du pneu). En 1977, après quatre longues années d'expérimentations proto-synthpunk (cf les albums Devo Hardcore), le batteur Jim Mothersbaugh laisse sa place à Alan Myers. Le groupe gagne rapidement du succès à partir de là et sort un album tous les ans entre 1978 et 1982, explorant à travers une musique new-wave le concept de "dévolution" de la civilisation humaine résultant du consumérisme ambiant et des avancées technologiques. Durant ces cinq années, le quintette originaire de l'Ohio connait plusieurs succès d'estime, notamment avec le premier album Are We Not Men ? (produit par Brian Eno en 1978) et surtout le single "Whip It" qui fait exploser la popularité du groupe un peu partout dans le monde en 1980. Après le virage clairement synthpop amorcé en partie dans New Traditionalists (1981) puis surtout avec l'intégralité de Oh No ! It's Devo ! (1982), le groupe s'apprête ensuite à s'aventurer dans quelque chose de nouveau...
A la fin des années 70, Jerry Casale évoquait la possibilité pour Devo de composer un album en oubliant la sacro-sainte guitare, devenue selon lui un cliché néfaste du rock'n'roll. Cet album de 1984 sera l'occasion ou jamais de réaliser cette idée. Mais d'abord, revenons à la chronologie du groupe. En début d'année 1983, le groupe effectue les derniers concerts de la tournée "Oh No !". Ils sont contactés en début d'année pour réaliser une partie de la bande son du nouveau film avec Dan Ackroyd en vedette, le (très) dispensable Dr.Detroit. Ils livrent pour ce film un thème principal tout en synthé et boite à rythmes ainsi qu'un autre morceau, laissé de côté pendant les sessions de l'album précédent, nommé "Luv Luv". Passé ce petit écart cinématographique, les deux leaders de Devo (à savoir Mark Mothersbaugh et Jerry Casale) investissent dans le nouveau modèle d'ordinateur-sampleur : le fameux Fairlight CMI IIx. Complètements excités par les possibilités musicales (incroyables pour l'époque) laissées par ce "formidable" outil, nos deux compères composent derechef la quasi intégralité du nouvel album. Les trois autres membres durent s'incliner plus ou moins devant le "dieu Fairlight" et laisser tomber leurs "vieux outils musicaux dépassés" (je blague, mais c'était l'esprit du groupe à cette période précise), ce qui déplut notamment au batteur Alan Myers, de moins en moins excité par l'idée de se faire voler son boulot par de vulgaires boites à rythmes. Idem pour les deux Bob, contraints de laisser leurs guitares au placard. Cela étant dit, il arrive d'entendre un peu de guitare non samplée ici et là sur les 35 minutes de ce disque, mais il faut tendre grand les oreilles...
Nommé Shout, l'album sort chez Warner en octobre 1984.
Pour tout vous dire, c'est un ratage absolu, autant de la part de la critique que du public. Même les fans les plus assidus ont du mal à approcher ce nouvel album bien trop aseptisé à leur goût. On ne peut en revanche pas le nier, c'est un disque complètement novateur puisque c'est l'un des tout premiers (sinon le premier) albums à être intégralement composé avec le Fairlight. Shout s'inscrit pleinement dans cette décennie 80 et cette tentative générale des plus grands artistes rock de vouloir approcher le tout synthétique : prenons Neil Young par exemple (influencé justement par Devo) qui sort Trans à la même période. Concernant le contenu du disque, on est loin des pamphlets et autres critiques humoristiques de la société dépeintes dans les albums précédents. L'album est non seulement plus léger dans sa production mais également dans ses propos. Le thème de la "dévolution" est ici complètement laissé de côté au profit de thèmes très pop : amour, science-fiction, etc, etc... On retient tout de même quelques bonnes idées (les quatre premiers morceaux) dans une majorités de trucs assez lourds et indigestes (le reste). D'ailleurs, Palme d'or de la pire reprise de Devo décernée pour "Are You Experienced" (de Jimi Hendrix), passée à la moulinette synthpop (trés) indigeste, effets digitaux de rigueur. A noter que c'est l'unique titre qui bénéficiera d'un clip. Deux autres singles sont tirés de ce disque : la chanson titre et "Here To Go", déclinée dans sa version maxi avec divers remixes dispensables.
Plus qu'une tentative ratée, cet album marque véritablement un premier échec cuisant dans la carrière du quintette d'Akron. L'album ne marche tellement pas bien (autant aux Etats-Unis que dans le monde entier) que Warner décide de se séparer du groupe. Sans les subventions du label, Devo ne peut pas partir en tournée alors que pourtant des dates avaient déjà été prévue. Les shows auraient été dans la continuité de ceux de la tournée précédente, avec un écran géant projetant des films synchronisés avec la musique jouée live. Mais le pire reste à venir...
Dans le courant de l'année 1985, à la suite de la sortie de Shout et du bide monumental que Devo s'est pris en plein ventre, Alan Myers décide de raccrocher ses baguettes et de quitter le groupe, bien que les deux leaders aient tout tentés pour s'interposer mais sans y parvenir. Myers continuera sa carrière de batteur tout au long des décennies suivantes. Il décède des suites d'un cancer en 2013. Il n'a jamais rejoué avec Devo après la date de 1985.
Auteurs d'un dernier album mal-aimé, privés désormais de label ET de batteur, la seconde moitié des années 80 s'annonce très noire pour Devo... Si noire que ça ? Hmmm...
Au final, Shout se veut comme une authentique relique de ce milieu d'années 80. Matinée d'une production ultra-kitsch, il n'est pas à mettre entre toutes les mains (et surtout pas celles qui n'ont jamais touchées à Devo). Il restera la preuve qu'il est en effet possible de produire un disque de "rock" sans guitares (avec néanmoins certaines conséquences) et également un excellent modèle de ce qu'il est possible de réaliser musicalement dans un registre pop avec un sampleur Fairlight.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Anthropocène Men : Devo
Créée
le 2 mars 2017
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