Affreux, sales et méchants, les stéphanois avaient titillé ma curiosité en 2014 avec un premier ep bien vicieux. Même pas un an plus tard, les revoilà avec un long toujours aussi violent et outrancier, où ils reprennent d’ailleurs « Salope », peut-être leur titre le plus marquant. En 14 titres et 3 interludes, le trio enfonce le clou et finit le travail au couteau rouillé et au napalm. Ici, musique et paroles sont un défouloir permanent. Sous le prétexte de la dénonciation, le groupe évacue toutes ses tensions, expose toutes ses pulsions, explose tous les codes de la bienséance. Vous connaissez et aimez Sexy Sushi, Die Antwoord, Little Big , Stupeflip ? Ici tout est poussé, un, deux, trois crans au-dessus, sans arrêt, sans limites. Schlaasss parle mal, crie, râle, rappe, crache sur une musique principalement electro punk, mais qui ne s’interdit pas d’aller voir ailleurs, et un peu où il veut d’ailleurs, sans se soucier des questions de logique et d’unité. C’est pile poil ce que je lui reprochais sur sa première sortie de l’HLM, et c’est la même chose ici. L’ensemble se tient même si on tourne un peu en rond en fin de parcours. Je regrette aussi un certain manque d’accroche mélodique sur de nombreux titres, plus portés par des gimmicks vocaux ou des « refrains » scandés avec la conviction d’un hooligan un soir de match décisif. Il faut dire que quand on accouche d’un titre aussi énorme que « Salope », il est difficile de le faire oublier et proposer quelque chose de différent mais tout aussi valable. Schlaasss a le mérite de faire semblant d’essayer, mais n’a clairement pas envie de suivre une ligne directrice, ou de réfléchir intensément à ses titres. Il y a des chances que Schlaasss reste ce gros doigt d’honneur fait par une main sale aux ongles trop longs. Et c’est peut-être bien comme ça, même si je suis persuadé qu’il a les capacités de proposer une mixture plus détonante.