Adrian Crowley, songwriter irlandais folk rock à la voix sépulcrale, vous n’en entendrez pas forcément parler ailleurs. Et d’ailleurs, je ne vais pas me la jouer non plus, parce que si madame Pias ne m’avait pas envoyé ce disque, qui est quand même le septième, je serai moi aussi passé totalement à côté. Et pourtant, dès l’entame de « Some blue morning », la chanson-titre, le timbre si particulier du chanteur, quelque part entre Leonard Cohen et Nick Cave, me happe. Pourtant c’est loin d’être le titre le plus réussi de l’album ; à mi-chemin entre ciel et terre, il semble figé, flottant, manquant d’aspérités auxquelles s’accrocher. « The hungry grass » en revanche, choisit clairement la terre, même si l’orchestration y amène un peu de hauteur. Il est pour moi le point de départ du disque, lui donnant sa tonalité globale, celle d’une folk posée, orchestrale, profonde, chaude et noire charbon. Tout en sobriété même si l’orchestration neo-classique est, quand on tend l’oreille, beaucoup moins sage et académique qu’on ne pourrait s’y attendre, « Some blue morning » est assurément un disque à conseiller aux amateurs de country gothique, de folk fantomatique et de rock très mélancolique, pour ne pas dire dépressif. On comprend mieux qu’avec un tel profil, sa marge de manœuvre médiatique soit assez restreinte. Dommage, car Adrian Crowley a vraiment sa patte, quelque chose de très dramatique, qui ne dépareillerait pas sur la bande originale d’un western poisseux et sombre. Et si vous veniez à douter de ses qualités, un titre magique comme « Follow if you must » devrait vous en convaincre…

MarcPoteaux
7
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le 10 août 2015

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Marc Poteaux

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