La fessée n'a pas eu lieu
Les A.S Dragon sont connus comme un des meilleurs backing band du monde, et cet album le prouve, même sur les morceaux les plus faibles ils savent tout jouer. Le problème principal vient de la...
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le 20 janv. 2016
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Avec leur nom d’équipe de foot tahitienne, leur étiquette de backing-band de luxe (derrière Bertrand Burgalat, Alain Chamfort, Michel Houellebecq, April March etc..) et leur réputation de pointures de studio, nos Dragons commençaient à piaffer.
Ils étaient un vrai groupe après (et avant) tout ; et le risque de cantonnement au rôle de faire-valoirs devenait grand.
Alors ils ont décidé de déployer leurs grandes ailes pour sauter du nid et s’envoler vers une nouvelle aventure, pour cracher enfin leur propre feu.
Le blond guitariste Von Poehl n’a pas voulu les suivre. Ils ont sauté quand même. Ils ont composé, ils ont joué, c’était chouette, mais il manquait un je ne sais quoi pour que la flamme prenne.
Ce je ne sais quoi leur est apparu par hasard sous la forme d’une grande mèche incandescente, danseuse, pas du tout rockeuse mais alors… quelle étincelle mes amis !
Elle a essayé de chanter avec eux. Elle a fait bien plus que ça ! Trois jours après, premier concert ! Une semaine plus tard, première télé live (lors du très regretté Rock Press Club de Philippe Manœuvre sur Canal Jimmy).
Et voilà nos Dragons au complet, suréquipés en talents, en énergie et en style. Des claviers de Garçon pleins de finesse et d’à propos, parfaits. Une batterie de Bouétard d’une virtuose précision, parfaite. Une guitare de Salvi tour à tour cinglante, claire, saturée, parfaite. Une basse de Jimenez, agile, inventive, parfaite. Et pour faire prendre tout ça, une voix, une dégaine, une présence, une grâce sauvage : Natacha Le Jeune… tout en instinct, en détachement et en classe. Parfaite. Avec en plus une sorte de pureté dans la rock’n’roll attitude qui fait qu’on craque forcément.
Avant de se faire enlever par les Dragons, Natacha n’y connaissait rien au rock. Elle est tombée dedans comme ça, tout d’un coup, pour s’y révéler une évidente rockeuse, pleine du charme spontané de ceux qui ne cherchent à imiter personne.
Vu le choc produit sur les veinards (dont je suis) qui ont pu assister aux premiers concerts, il fallait absolument qu’un disque sorte. Chez Tricatel, bien sûr.
Album 23 du Label, il y a dans ce Spanked exactement ma définition du rock : excitation, folie, émotion, force, liberté et sensualité. Comme quand « Spank on me » (donne moi la fessée !) - sorte de Twist en Shout des temps modernes avec un peu de Helter Skelter dedans - va s’enchaîner sur une très langoureuse adaptation d’un petit poème en prose de Charles Baudelaire (« Un hémisphère dans une chevelure ») que viendra réanimer une très incisive reprise du « Dedicated to the press » de Betty Davies. Ou qu’une même mélodie (assurément tubesque !) viendra habiller deux textes et deux interprétations très différents (Mais pas chez moi/One two three four boys).
Du pandémonium au sensuel, du british au french, du pop au rock, du hard au soft, des cris aux susurrements, de la sueur aux larmes, de la provoc’ à la tendresse : ce sont tous les fondamentaux du rock qui transpirent dans les douze morceaux (tous excellents !) d’un album absolument épatant.
Créée
le 19 avr. 2021
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