Long afloat on shipless oceans...
Le chef d'oeuvre free-jazz de ce troubadour et éternel magicien. La voix de Tim Buckley est incroyable. Il la manipule comme un instrument de musique, la fait saturer, valdinguer dans les graves et les aigus, la fait vriller, sursauter, vibrer, murmurer, gronder, l'enrage et l'apaise. Le tout est réalisé avec une maestria totalement remarquable, puisqu'il n'est jamais ridicule, toujours juste, inventif et musical. Poser un tel instrument sur un fond de free-jazz et balancer avec un tel feeling des notes venues d'ailleurs dans ensemble musical aussi complexe et élaboré, c'est du grand art. Malgré tout, le disque reste frais, s'autorise des passages plus apaisés où se dispute la plus merveilleuse poésie ("Song to the Siren") et parfois drôle ("Moulin Rouge")
En outre, je trouve la chanson "Monterey" particulièrement grandiose - certainement la plus remarquable utilisation d'une voix humaine que j'aie pu entendre de ma vie.
La parenté entre son fils et lui devient d'autant plus frappante. Tous les deux ont cette manière, en chantant, de sortir non pas de bêtes paroles, mais des sons pétris d'une âme terrible, modelés on ne sait comment mais tout entier tournés vers l'intérieur et le ressenti. Ces deux-là vont plus bien loin que beaucoup et sont absolument sans concession dans la musique. Là où d'autres craindraient le ridicule et se compromettent dans des sentiers déjà battus, ils osent.