Excepté Neil Young qui avait déjà plus ou moins débuté en solo avant de rejoindre CSN, c'est Stills qui dégaine le premier.
L'expérience du super-groupe (Crosby, Stills & Nash donc) et avant ça Buffalo Springfield (où déjà il côtoyait Neil Young) lui ont donné des idées et une soif énorme d'expériences sonores en tous genres dans différents registres musicaux. Il créera par la suite un groupe, Manassas, à même d'explorer toutes les portes qui s'ouvrent à lui mais déjà avec ce premier album solo (et dans une moindre mesure l'année d'après le Stephen Stills 2), il se fait bougrement plaisir.
Ce qui donne :
Hey Jimi, tu es libre pour venir un peu tenir la gratte sur mon disque ? Ouais ? Cool man.
Et c'est comme ça qu'on a un Jimi Hendrix qui vient pépère et en petite forme quelques mois avant sa mort pour graver quelques notes pour son pote Stephen sur un Old times good times qu'on aimerait que ça dure plus longtemps.
Hey Eric, j'aime bien ce que tu fais, t'es tenté pour t'échauffer un peu avec moi ? Une répèt pour commencer ? Ok.
Et ainsi, Eric Clapton arrive, il y a juste une répétition avec tous les autres musiciens que la prise est tellement bonne sur un blues de près de 6mn que finalement elle est gardée directement. Comme dira ébahi dans les notes du CD des décennies plus tard Stephen Stills "Bon, c'était Eric Clapton, les mecs." Limite, on a plus qu'à remballer donc.
Hey msieur Ringo Starr, vous pouvez passer en coup de vent ? Vous voulez pas être reconnu ? Oh ben on vous crédite juste "Ritchie" dans les notes, ça vous va ? Eh, David et Graham, ça vous dit de passer faire les choeurs comme dans CSN ? Ouais merci grave les potos.
Voilà pour l'ambiance.
Inutile de dire que quand on est bien entouré comme ça et qu'en plus on joue bien (car oui, Stills tout comme les autres est plus que doué si on a tendance à l'oublier), on ne risque pas de se planter. De fait, c'est un grand disque. Stills passe d'un style à l'autre avec une aisance et un plaisir certain. Blues-rock avec Clapton qui devient de plus en plus incendiaire, folk-choral avec le classique (l'anecdote étant que la tagline "If you can't be with the one you love, love the one you're with" venant d'une remarque souvent faite par le claviériste Billy Preston, subjugué, Stills lui demanda s'il pouvait réutiliser directement la phrase pour une chanson, ce que Preston accepta d'emblée) Love the one you're with --repris très médiocrement par Idris Elba à l'accordéon dans Prometheus huhu --, ballade douceâtre avec To a flame, folk un peu gospel avec Church, rock avec cuivres sur Cherokee (j'adore ce morceau), en passant par une petite pique adressée à Neil Young sur We are not helpless --clin d'oeil à Helpless sur Déjà vu et composition de Young à la base.
Bref, comme souvent chez les 4 compères, un disque à écouter, voire à avoir parmi toutes les innombrables merveilles qu'ils nous donnèrent dans les années 70. Comme dirait je sais plus qui, on peut vivre sans mais on peut aussi l'avoir et vivre mieux.