5e Album de la bande à Zawinul-Shorter, 6e si on compte le live, encore un et on arrive presque à la moitié de la carrière et déjà un constat s’impose : Pour qui aime le jazz-rock et le groupe, on est à ce stade dans le sans-faute. Certes, le live japonais pouvait s’avérer difficile à avaler d’un coup (faut les mériter les dissonances…) mais s’avérait méritoire au final dans toutes ses contradictions, zones d’ombres et sonorités. Pour le reste, même dans les morceaux apaisés, WR emportait l’adhésion.
Il faut remarquer qu’en fait, le bulletin météo a toujours travaillé ses compositions sur un aspect technique poussé en n’oubliant jamais de rester profondément mélodique. Une bonne partie des morceaux ardus ou rythmés peut de fait, se chantonner sous la douche. Certains deviendront même des hits (on en est pas encore là mais vous aurez tous pensé au coup de poker génial qu’est « Birdland » 2 disques plus loin sur « Heavy Weather » bien sûr même si c’est justement à ce moment là que le groupe va commencer à vaciller méchamment sur sa lancée…), c’est dire le talent du groupe et de ses leaders.
Alphonso Johnson est toujours là à la basse et même s’il passera le relais prochainement au mythique Jaco Pastorius, il assure quand même pas mal. Zawinul et Shorter tiennent une forme et une créativité épique et de manière générale, à l’image de sa pochette de lave et de volcans, tout le monde est chaud bouillant, l’album en lui-même est brûlant et que du bonheur.
Bien sûr maintenant la formule est complètement rôdée mais qu’importe, c’est justement parce que le groupe a atteint ce niveau qu’on est dans un bonheur sans cesse renouvelé. On continue donc d’alterner les grooves incendiaires avec les titres plus planants, à la fois cinématographiques et toujours avec une inspiration à aller chercher dans le voyage ou le monde. Ahh l’élégance de « Lusitanos » (et ce rappel brusque à l’ordre vers 4mn29/4mn30 qui coupe brutalement le rythme à la façon d’un chef d’orchestre énervé mais concentré dans une seule note par seigneur Wayne Shorter au saxophone). « Between the thighs » qui anticipe les compos à venir. « Badia » qui nous immerge sensoriellement ailleurs avec trois fois rien, juste une maîtrise de l’espace et des sons à disposer (on a l’impression que le titre s’improvise ou se construit en direct devant nous, enfin dans nos oreilles, grandiose). Et puis « Man in the green shirt » et « Five short stories » qui ouvrent et ferment l’album, la classe à Dallas, quoi, sérieux.
Bon allez, si vous avez aimé ce qui a précédé, c’est encore un album qu’il vous faut dans votre collection.