Tangerine Reef (OST)
5.9
Tangerine Reef (OST)

Bande-originale de Animal Collective (2018)

Album complexe, tout aussi complexe qu'ODDSAC puisque lui aussi d'abord voué a être vu plus qu'entendu (sauf que cette fois-ci le film n'apparaît pas sur SC).


Si l'on pouvait reprocher au précédent album visuel d'être un peu trop expérimental (ce qui est un exploit quand on est fan du groupe de Baltimore), il avait néanmoins une certaine variété dans les différentes compositions qui le parcouraient. Animé par une force qui à l'époque se retrouvait aussi dans les autres sorties de la formation, ODDSAC était ce genre de projet dément un peu dur a adulé mais qui a le mérite d'exister et de sortir un peu l'auditeur de sa zone de confort.


Mais voilà, le temps a passé et même si le duo/trio/quatuor n'a rien perdu de sa fougue (en atteste les récents lives) une envie de se poser prédomine la production de ses dernières années. Que ce soit avec le retour de Sung Tongs en live, l'EP Meeting of The Waters pour le Vinyl Day ou - puisqu'il en est question ici - Tangerine Reef.
Et tout le monde est d'accord sur un point : ce 12ème album n'est surement pas le plus passionnant qu'Animal Collective ait pu sortir.


Il y a plein de facteurs à analyser. Déjà la genèse du projet : la rencontre avec Coral Morphologic intervient après une projection d'ODDSAC (comme quoi..), les années et les collaborations discrètes défilant, un live unique pour la fondation David Lynch est mise au point. Une volonté de sensibiliser le plus grand nombre à la sauvegarde des coraux à travers une heure de plans surréalistes (mais pourtant sans aucun effets spéciaux nous assure-t-on) de la flore sous-marine sur fond de musique planante. Seulement, le public peu réceptif (il faut voir les conditions de la projection) vient gâcher la prise son de ce qui devait être un nouvel album live après l'incroyable Live At 9:30.


De nouvelles prises sons dans les conditions du live ainsi que de nouvelles prises de vues sont réalisées et nous arrive donc un album vidéo forcément pas taillé pour une simple écoute.
Pourtant, tout n'est pas à jeter. Déjà car, après une première écoute obligatoire avec la vidéo, la musique fait bien plus sens, même seule, et cette volonté d'immersion dans un univers enchanteur, abyssale mais aussi si fragile est parfaite.


Aussi, comme dit plus haut, cet album est un témoignage de l'évolution artistique du groupe.
La principale accusation faîte à cette album est qu'il est le premier sans Panda Bear (si on exclut des EP comme Meeting of The Waters). Certes, sa voix Beach Boyesque et les effets de tuilages avec celle d'Avey Tare manquent cruellement. Néanmoins ce n'est pas la première fois que sa présence vocale est absente et un opus comme Painting With n'a pas été bien reçu à l’unanimité alors que c'est pourtant l'une des rares fois où on peut l'entendre sur toute les pistes et que son influence pop se fait le plus ressentir. De plus son récent EP, A Day With The Hommies, a lui aussi subi des critiques, accusé d'être assez faible et lascif dans ses compositions.


Un problème donc partagé avec ce Tangerine Reef même si pour moi la sortie solo de celui qui vit maintenant au Portugal comporte bien des morceaux de bravoure et n'a rien a envié aux précédentes sorties.
Alors cet album visuel, quel est le souci ? Certes il y a un sujet, un transmedium et peut-être une durée trop longue; mais il faut bien admettre que pour l'instant Animal Collective en est là. Après leur frénésie dadaesque sur Florida et sa clique, le quatuor (puisque Deakin est toujours aux affaires) se pose. Une version éléctro et drone (et en terme de drone la chanson Coral Realization se place là) de Campfire Songs ou encore Prospect Hummer dans leur moments les plus intimistes. Une plongée dans des profondeurs insondables pour surement plus tard revenir avec le futur de la pop.


En attendant il ne faut pas totalement bouder son plaisir car avec des chansons comme Hair Cutter, Inspector Gadget ou encore Buxom (toutes au début oui, car le ventre creux arrive après), Avey Tare et ses deux compères prouvent encore une fois qu'ils restent de très bons songwritters même dans un genre aussi organique - comme Merriweather Post Pavillon - et transcendantal - comme toute leur discographie ? -.


PS : Je n'ai pas évoqué son nom mais il semble qu'au vu de son travail en solo, Geologist a du avoir une grande importance dans l'écriture, peut être bien plus qu'Avey Tare a qui on pourra surtout reconnaître des liens de parenté avec des sons comme Abyss Song.

Kaptain-Kharma
7
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le 19 sept. 2018

Critique lue 131 fois

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Kaptain-Kharma

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