Take it easy. Té kit izi. Zouk is not dead (already). On pense à chaque fois que c’est le dernier, le chant du cygne. La vague zouk va se faire submerger par la remuante Dancehall, par la déferlante Hip Hop américaine, le compas new génération, c’est fini. Et bien, non. Pas encore. Kassav résiste, et à chaque fois, on voit que le groupe a toujours de belles cartes en poche. C’est une BO il paraît. Oublions le film, et concentrons-nous sur le disque. Pour ceux qui seraient méfiants, c’est un vrai album, pas quelques chansons écrites à l’occasion, pour illustrer le film. C’est pas une BO.
Ça commence par un grondement de guitare électrique. Puis Pipo Marthely pose un flow, le ti bwa se cale derrière, les pêches de synthé pour booster le moteur, les cuivres en soutien, ça claque. Ça commence. Les sonorités modernes, au goût du jour, comme s'ils voulaient faire comprendre qu’ils sont toujours à la pointe du zouk. Toujours en forme, les gars. Chœurs d’école, masculins/féminins, faux rythme, puis ça balance, avec un swing surpuissant, vrai rythme à l’arrivée. Ay’ Mano. Pour danser. Lévé Tèt Ou. Pour danser, mais pas que. Encore le lead vocal « contre » le chœur, et le riff de basse qui tient le morceau par la tête. L’orgue qui rajoute un peu de couleur…ça fourmille de nuances, mijoté par un vrai cuistot, les arrangements. Bien…
Le zouk love, Fabiola, avec la voix en or de Patrick (RIP), et ça continue de plus belle. Pour un Kassav tardif, ça sonne pas mal super, quand même. Prenez-en de la graine les jeunes…Ok, ok. Aucune facilité, aucune faiblesse. Le zouk béton, (il en faut), pour : Sautez ! Sautez ! Et pas que. Ban Nou Zouk La. Avec la mélodie qui passe par plusieurs voix, et plusieurs timbres. Rien n’est jamais aussi simple que ça en a l’air. An Nou Tripé. Encore un love song, celui-là nous rappelle le Kassav de la grande époque, pas si lointaine que ça, mais comme on vieillit tous…on pense que ça a vieillit. Critique écrite en 2016, pour un album de 1992. Jamais trop tard, pour faire une critique…Depuis le son a pris une autre tangente. Des zouks comme celui-là, on n’en entend plus. Ce genre de zouk love qui s’écoute et se danse, est de plus en plus rare.
Mwen Alé. J’avais oublié que c’était une BO, dis donc ! Quand j’entends ce morceau, je pense au film. Je revois Pascal Légitimus, Jacob F. Desvarieux qui fait l’acteur…etc. Pour faire simple, on va dire que je préfère de loin l’album au film. Comme dans chaque morceau, chaque partie est un morceau en lui-même, c'est un vrai film. Et les antillais expatriés se reconnaîtront dans le texte, clin d’œil énergique à la diaspora. On n’a pas le temps pour la nostalgie, on a du boulot. Lan Mori Ki Ni. Morceau qui commence calme, comme un jeu, et qui devient dansant, limite garden party, limite petite ritournelle, mais pleine de sens. Et les paroles lourdes de contenu. Rythmiquement, c’est aux petits oignons. Ce ti bwa, qu’ailleurs, je trouve répétitif ; cette percu, qui dans un autre CD de zouk, m’énerve, ici j’en redemande. Il et elle, tombent toujours juste. Puis on a le morceau qui pourrait servir de jingle pour une compagnie de transport maritime caribéenne, ou de générique pour jeu télé inter-îles : An Sèl Zouk. Avec la petite salve de salsa au milieu. Parfait pour une BO, ce morceau ; décoratif juste ce qu’il faut, simple. Même quand le thème est hyper simple, voire bateau, jamais l’ennui ne s’installe, ça rassure.
Mwen Viré. (Mon préféré personnellement), avec la voix inimitable de Jacob, et la seconde chaude voix de Jocelyne. Et il y a quelque chose dans ce morceau. Je ne sais pas si ce sont les éclairs du clavier, le groove, le tambour…en tout cas, tout y est : Yes !!
Et on croyait à un morceau de remplissage pour finir ? Le reste étant pas mal du tout, on se contenterait d’un remix de Syé Bwa, ou une reprise de Zouk La Sé Sel Médikamen Nou Ni. Non. On a une magnifique ballade : Ou Changé. Á écouter les yeux dans le ciel bleu. La tête dans les cordes de violons. Et qui finit sur un soupir...Wouah…. Comme dirait Jacob : « Ça sert d’avoir plusieurs auteurs-compositeurs dans un groupe, hein ? ».