On a beaucoup craché sur ce quatrième album des Cowboy Junkies à sa sortie : leur son est devenu trop lisse, ils ont vendus leur âme au diable, on ne retrouve plus la singularité du culte Trinity Session... Tout les grands classiques de l'album trop attendu qui vient après un succès d'estime inattendu. Les pauvres n'avaient franchement pas mérités ça.
Certes, c'est moins lo-fi. Le quatuor s'est enfermé dans les murs du Sharon Temple, au Nord de Toronto, où l'acoustique est réputée particulière. C'est devant ce monument du siècle d'avant que pose le groupe sur la pochette, tournant le dos à ceux qui voulaient les voir pour toujours sur le canapé poussiéreux de l'album précédent. Pourtant, comme à leur habitude, ils ont choisis de capturer chaque morceau en live, sans ajouts, sans folie des grandeurs. Juste la somptueuse guitare de Michael Timmins (écoutez ce qu'il fait au beau milieu de "Cause Cheap Is How I Feel" !) qui vient soutenir la douce voix de sa frangine Margo. Jeff Bird vient en toute discrétion poser ici un peu d'harmonica, là un air de mandoline, tout à fait en accord avec l'esprit revival roots du groupe, amoureux d'americana qui, avec l'aide d'Uncle Tupelo et des Jayhawks, seront de véritables gardiens de la flamme à l'orée de cette nouvelle décennie. Les chansons d'amours sont belles et maudites ('Where Are You Tonight?", "You Will Be Loved Again"), le puissant "Powderfinger" de Neil Young se transforme en ballade apaisée, l'omniprésente pedal steel rend l'ensemble cohérent et les chevaux sont bien gardés.
À moins de ne pas avoir de coeur, je ne vois pas bien ce qu'on peut reprocher à The Caution Horses. Loin d'être un album majeur du mouvement alt-country, c'est un charmant compagnon de mélancolie, simple et honnête. C'est bien hypocrite de l'accabler d'être commercial parce qu'il est passé à la radio. Hank Williams aussi passait à la radio.