The Chain Reaction
7.7
The Chain Reaction

Album de Anthropia (2008)

ANTHROPIA entre dans la cour des grands avec cet essai transformé

Le premier album des niçois qui était sorti en 2006, The Ereyn Chronciles Part One, avait remporté un franc succès auprès de la critique spécialisée. Fort de ce dernier, Hugues, l'unique compositeur de ce projet presque solo (seules les parties de batterie étaient alors assurées par Damien), décide logiquement de s'entourer de musiciens pour assurer la promotion en live. ANTHROPIA devient par la force des choses un véritable groupe uni. Puis, Hugues sait rapidement que l'opus de la confirmation ne sera pas la suite de son grand frère, même s'il s'agit à nouveau d'un concept.

Le synopsis, basé sur la réincarnation, est d'ailleurs à ce propos intéressant pour développer entre autre la structure des morceaux: l'âme #COTDM-52899 est envoyée pour la dernière fois sur Terre et après, comme déjà maintes fois promis, direction le paradis. Sauf que cette âme n'y croit plus et décide de ne plus obéir. Cette rébellion sera définitivement entamée quand elle sera séparée de son âme soeur #7237 dans le monde des humains. Les conséquences seront alors tragiques: la fin du règne des hommes sur Terre.


Et justement ces deux personnages sont incarnés respectivement par Hugues et Nathalie au chant.

Le fil narratif est alors pleinement respecté jusqu'au dénouement final. L'échange entre la voix masculine et celle féminine est très bien équilibré. On remarque alors après une seule écoute, que non seulement Hugues a fait des progrès (des intonations ci et là à la Kai Hansen) mais que Nathalie est bien plus en confiance et donc présente que par le passé. Et tant mieux. Ici, point de chant lyrique ou gothique pompeux de sa part mais une jolie palette diversifiée faisant penser parfois à Anneke Van Giersbergen, voire Gwen Stefani de NO DOUBT («Take Me Home» et son refrain légèrement popy).

Ainsi, on peut déjà affirmer que sa musique réussit le tour de force de ne pas évoluer en terrain connu et n'est en aucun cas un metal à genre féminin, style non seulement encombré mais aussi désormais très vite lassant.


Le second constat est l'apport indispensable des belles capacités techniques des musiciens dont notamment les nombreux breaks de Damien, batteur devenu plus que mature, les soli de Yann impeccables, les parties de basse de Julien placées de manière judicieuse («Take Me Home» pour seul exemple). Sans oublier toutes les parties à la guitare sèche (qui produisent toujours leur effet), les gros riffs, le son des claviers futuristes, qu'un Arjen Lucassen d'AYREON ne pourrait renier, sans être toutefois omniprésents. On est en effet agréablement surpris par un dosage parfaitement stable entre tous ces multiples arrangements. Et surtout, malgré la complexité de certains morceaux progressifs (les breaks bandants de «The Altar Of Trust», le final épique de «Trinity (The New Consensus)», la pièce maîtresse «The Tree Of Live» et ses chœurs, la symphonique «Whipping Soul» et sa subtile partie de piano écrite par Kevin Codfert d'ADAGIO...), il n'y a aucune démonstration puérile, lourde et inutile.

A ce propos, la cohésion est enfin de mise et si le premier opus était dans son ensemble difficile à digérer, l'heure de "The Chain Reaction", entamée puis achevée par le même gong, passe toute seule. De son intro grandiloquente (à la SYMPHONY X) à son magnifique et poignant épilogue («Breeze In The Leaves»: vent glacial où ressurgissent les fantômes du passé avec ces étonnants phrasés poétiques en français), les codes du concept album sont respectés avec la manière. Même les deux courtes instrumentales (la joyeuse néo-classique «The Night At The Opera» et la triste acoustique «Those Days Are Always Rainy») ou la poignante et magnifique ballade «The Torn Off Wing Of The Butterefly» (qui se paie le luxe d'être peu conventionnelle) se greffent à merveille au milieu d'autres titres heavy à souhait (la baffe que représente l'excellent potentiel single «A New Self», placée d'entrée de jeu).


Dès lors, ANTHROPIA entre dans la cour des grands avec cet essai transformé, qui pour parfaire le tout, a été mixé de mains de maître par François Merle (MANIGANCE) et masterisé par celui que l'on ne présente plus, Tommy Hansen. En osant en plus quitter un label de renom en matière notamment de progressif (Magma Carta), pour créer en 2008 le sien sous le nom de Adarca, nos niçois font preuve d'une indépendance et d'un courage peu communs. Car si ces dernières années, le metal tricolore est prolifique en matière d'albums aux qualités indéniables (GOJIRA en étant le fer de lance), il est bien difficile de s'imposer, surtout à l'étranger. Et ce même si comme ANTHROPIA, on possède une véritable identité, propre à rassembler des fans de multiples horizons (inutile de coller une étiquette hasardeuse à leur musique telle que «néo heavy progressif»).

"The Chain Reaction" vous attend pour vous dévoiler tous ses charmes après écoutes approfondies.

Renaud-Strato
9
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le 20 oct. 2022

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Renaud-Strato

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