Composition subtile et lyrique

Howard Blake est probablement l'un des compositeurs de musique de films les moins connus du grand public, vivant dans l'ombre des géants ultra-prolifiques que sont les Zimmer, Williams et Goldsmith, et pourtant, je trouve que son travail d'une exceptionnelle qualité fait de lui l'un des plus grand compositeurs de musique de film contemporains.

The Duellists est une de ses musiques de film les plus accessibles (morceaux sur youtube, sortie en CD, réalisateur connu (Scott), etc), et de loin l'une de ses meilleures. C'est en tout cas une très bonne introduction à son œuvre, d'autant plus que certaines versions incluent sur le CD Riddle of the Sands, une autre de ses compositions.

Duellists apporte énormément au film de Scott, et rétrospectivement, je regrette que Sir Ridley ait cessé de travailler avec des compositeurs prestigieux ces dernières années, produisant des bandes originales très médiocres. C'est une raison supplémentaire de découvrir cet album qui correspond au premier long-métrage du réalisateur, et illustre bien une époque où le numérique n'avait pas encore remplacé les effets spéciaux de tous les films ni les musiciens d'un orchestre. Les thèmes et la texture sonore classique de Duellists ne sont pas sans rappeler d'autres grandes œuvres de la musique classique, et son aspect cinématographique (lyrique et romantique) ajoutent une dimension émotionnelle remarquable. Le morceau "Mme deLeon's Salon", une fantaisie au piano exécutée avec beaucoup de subtilité, est un des meilleurs morceaux, ainsi que ceux explorant le thème principal, tels "The Duellists", "Opening Titles", "Armand and Adele", "Cellar Duel", "The Lonely Walker" ou "End Credits". Le thème principal a ceci d'exceptionnel qu'il se prête aussi bien à une variation subtile et et très émotionnelle, qu'à des envolées lyriques orchestrales ou à une variation à la harpe. Si l'on mesure la réussite d'une composition de musique de film à l'originalité des variations des thèmes qui la composent, Duellists est une grande réussite.

Il s'agit sans doute d'une des plus belles bandes originales de tous les temps, qui plaira aux amateurs de John Barry (particulièrement Chaplin, My Life, Somewhere in Time), mais qui reste regrettablement peu connue. Elle est un peu semblable à celle d'Elephant Man (sorti à la même époque), de par son inspiration classique et le caractère unique de la rencontre d'un réalisateur et d'un compositeur, résultant en une œuvre se démarquant du reste de leurs carrières.