Revisitant le monde des studios Hollywoodiens des années 50 qu'ils avaient peint dans Barton Fink, les frères Coen racontent avec Hail, Cesar l'histoire d'un producteur et patron de studio un peu dépassé par les évènements, entre ses obligations et tracas quotidiens, et le kidnapping de sa star principale.
Avec un casting aussi flamboyant, on attendait beaucoup du dernier film des frères Coen.
Malheureusement, les acteurs et le scénario n'ont pas réussi à me séduire, entre un Josh Brolin inexpressif et un George Clooney qui n'arrive pas à sauver le scénario beaucoup trop plat par ses grimaces outrancières. Les acteurs du film dont le nom est sur l'affiche ne sont en général présents à l'écran que l'espace d'une scène ou deux, ce qui m'a donné l'impression que les frères Coen ont essayé avec ce casting tape-à-l'oeil, de masquer un scénario trop plat, ou d'avoir eu les yeux plus gros que le ventre.
En effet il ne se passe vraiment pas grand chose dans ce film, les ressorts comiques sont utilisés jusqu'à la corde dans des scènes redondantes et souvent décevantes par rapport aux autres films des réalisateurs. Et les scènes-clé du film sont sans aucun intérêt, se concentrant sur des "messages" politicaux-sociaux-intellos relatifs à l'Amérique des années 50 dont on a vraiment pas grand chose à faire.
La médiocrité des choix de casting est pour aussi beaucoup: on s'attend à voir de très grands acteurs dont le nom est sur l'affiche (Ralph Fiennes, Tilda Swinton, Scarlett Johansson, Wayne Knight, le retour de Clancy Brown & Christophe Lambert...) alors qu'en réalité les acteurs principaux du film sont Brolin, Clooney, Channing Tatum, et les nouveaux venus Alden Ehrenreich et Max Baker, dont les performances sont très inégales et bien en-dessous de ce dont on a eu l'habitude avec the Big Lebowski, The Man Who Wasn't There, Hudsucker Proxy, Fargo ou encore O Brother - des films dans lesquels un mélange de comique de situation et de poésie visuelle l'emportait heureusement sur les "messages" politiques. Au cours de fugaces moments, on sent la possibilité d'un autre film, dans lequel Ralph Fiennes, Tilda Swinton, Frances McDormand ou Jonah Hill auraient pu être mieux utilisés, composer des personnages hauts en couleurs et mémorables et placés au centre de l'intrigue, mais on passe complètement à côté de cette direction.
Je ne sais pas ce que les frères Coen ont vu dans Josh Brolin pour lui donner le rôle principal, monolithique, il ne dégage rien du début à la fin, ne lâche rien, ne laisse rien transparaître (peut-être est il simplement au générique pour garantir le financement du film?).
Toujours est-il qu'un John Goodman, John Turturro Jeff Bridges, Billy Bob Thornton ou Peter Stormare (pour piocher dans les habitués) auraient été infiniment meilleurs dans son rôle. Son personnage n'existe simplement pas, et se mélange dans mon souvenir avec d'autres personnages de films d'époque médiocres dans lesquels Brolin laissait un aussi faible souvenir (Gangster Squad et Inherent Vice par exemple).
Quant à George Clooney, il grimace et fait l'idiot, mais les rires tombent à plat au bout de deux secondes, les ressorts comiques sont trop répétés, parce qu'il n'y a simplement pas le scénario nécessaire derrière pour créer de vraies scènes comiques.
Seul Channing Tatum sort un peu du lot, principalement grâce à une scène musicale chorégraphiée et pour la scène en bateau à la fin, une des meilleures.
Le film essaye de manière très obscure de créer des parallèles entre le MacCarthisme en cours dans le Hollywood des années 50 où le film prend place, et l'histoire de Jésus. Ces rapprochements hasardeux sont très difficiles à percevoir au cours du film, et résultent en de nombreuses scènes (dont la scène finale) vraiment incompréhensibles et cryptiques. Décevant, quand le film a pris 3 ans à faire (alors qu'il n'y avait que deux ans entre chaque films de Hudsucker Proxy à Fargo et de Fargo à Big Lebowski par exemple).
Quelques scènes sont néanmoins bien réalisées, notamment les scènes de "films dans le film" hommages aux comédies musicales (trop rapides), et l'on aurait aimé que le film soit parsemé de plus de mini-films de ce type, ou que les tribulations liées à leur réalisation prennent plus de place dans le scénario. C'est une direction dans laquelle les réalisateurs n'ont malheureusement pas souhaité d'aller, alors que la bande-annonce en faisait grand cas (pareil pour le casting...).
J'espère que plutôt que de courir après des grosses productions d'époque aux castings de stars et décors démesurés, les frères Coen reviendront à des scénarios plus minimalistes dans l'avenir, si possibles avec leurs acteurs habituels (Turturro, Buscemi, Goodman, McDormand, Billy Bob Thornton...) qui manquent à l'appel de plus en plus cruellement avec chaque film, car le nombre de bons films qu'ils ont fait dans le passé devient petit à petit inférieur au nombre de leurs mauvais films.