C’est à Charlotte en Caroline du Nord que le groupe Wretched (à ne pas confondre avec le groupe éponyme de doom) voit le jour, en septembre 2005. Bref, la jeune formation entame un metalcore basique (chant clair tâtonnant compris) mais assez burné dans les parties violentes pour faire parler d’eux et se faire repérer par Victory Records qui les prend sous son aile afin de produire leur premier album. A l’origine nommé And Since Forgotten, le groupe opte donc pour un nouveau nom plus original et tellement inédit qu’il n’existe « que » six groupes portant le nom Wretched. Bref, avec The Exodus of Autonomy, les New-Yorkais vont quelque peu varier leur son…


Surfant sur l’imbattable phénomène The Black Dahlia Murder qui puise quasi-intégralement sur les riffs d’At the Gates, la jeune formation américaine reprend elle aussi les grandes lignes du groupe suédois en y incorporant une petite touche propre à base de diverses influences acoustiques, rythmiques et mélodiques tout en supprimant comme il se doit les chants clairs inégaux qui alourdissaient les précédentes compos. Ainsi, le groupe ne garde que les (très bons) passages aériens en aller-retour et les saccades véloces pour servir du death mélodique ultra-classique, dont aucune chanson ne viendra hélas faire vibrer nos chers cœurs. En soi, le disque n’a donc absolument rien d’original, Wretched se contentant de livrer une galette pour le moins simpliste.


Pourtant, la dextérité des musiciens n’est pas à blâmer, ni leur talent à travers les quelques passages plutôt techniques comme sur "Fetal Consumption" et "Deplorable Miscalculations". De même pour les soli plutôt bien torchés (sur "Before the Rise" par exemple qui bénéficie de deux soli assez logiques dans leurs positions). Le son est bien mixé, variant les différents instruments pour obtenir, après moult écoutes, des passages originaux et prenants, des riffs flamenco, des ambiances sombres et des lâchés par dizaines. Ainsi, après plusieurs écoutes, The Exodus of Autonomy devient par conséquent intéressant.


Avant tout bien structuré, l’album possède une introduction instrumentale très originale pour une première production de la sorte : entièrement symphonique, mêlant violons et altos, avec un sens de la mélodie indéniablement prenant. Puis le CD se retrouve agrémenté de pistes classiques (j’entends par là chant/guitares/bourrinage en bonne et due forme) ainsi que d’un final en triptyque : une instrumentale/introduction, un titre classique et enfin le dernier volet de la trilogie sonore reprenant les mêmes instruments et le même thème que l’introduction "Shrouded in Filth" écoutée au début du disque.


L’intro passée, on attaque donc avec un concentré de riffs mélos et d’allers-retours entrainants, de saccades fracassantes et soli aériens, de taquets bastonnant et de blasts soutenus, agrémentés d’un chant varié, alternant entre le grave et l’aigu (mais sans réelle identité hélas). On retiendra donc surtout des 8 pistes chantées de petits passages brefs mais intenses qui nous mettent le paquet dans le genre, des pistes comme "Aborning", "Fetal Con" et son ambiance constamment pesante ou encore l’excellent "Final Devourment". De là à dire que ces morceaux sont uniques en leur genre et transcendant serait mentir. Mais sans se voiler la face, il faut dire que ça envoie plutôt mal. The Exodus of Autonomy serait donc basique, reprenant les grandes lignes des groupes les plus connus et le resservant sans vergogne ? Et bien au final, non, car une piste vient tout chambouler…


Car au final, la chose la plus surprenante à l’écoute de l’album reste indéniablement cette piste instrumentale magnifique nommée "VI The Exodus of Autonomy". 8mn50 de pur bonheur ; je pourrais faire une chronique entière uniquement sur ce morceau tant il est complet, beau et riche en qualités. Mélangeant avec dextérité et souplesse flamenco, death suédois et death metal ricain, alternant entre parties complexes, passage black metal et soli envolés, le morceau est long mais regorge de parties exhaustives, nous transportant dans un tourbillon d’influences et de variantes, le tout dans une structure des plus exemplaires.


Bref, un premier disque aussi inégal que surprenant, au préalable basique puis assez intéressant après une écoute attentive et répétée. Un premier album surtout prometteur quant à l’avenir de ce jeune groupe californien dont le deuxième sortira dans deux mois…

Créée

le 8 nov. 2020

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