Ben Cooper : trente ans, un physique de bûcheron pour la finesse de l'archer. Si le temps a passé depuis ce "Ghost" inaugural, ses mélodies en ont profité pour atteindre insidieusement quantité d'oreilles avec la gracile Welcome Home, désormais liée à différentes publicités dont une campagne à grande échelle de Nikon. Passé le sentiment d'incongruité, on a pu se réjouir de voir une composition intime se retrouver ainsi à portée du plus grand nombre. Combien auront poussé la curiosité jusqu'à son successeur ? Sans doute une minorité, mais ces happy few n'ont pas regretté le voyage. Car si la case folk fournit encore son lot d'artistes interchangeables au look pastoral, Ben Cooper ne tarde pas à démontrer qu'il a gardé de l'or dans les doigts. Beaucoup. Passée une timide introduction, on retrouve un piano qui pose la rampe de lancement pour de superbes plages de chant. Il pleut des mélodies, littéralement. Elles s'entrecroisent, interpellent, s'éloignent tandis que la guitare et les lignes de cordes semblent faire reculer l'horizon. Formule magique, les frissons ne sont jamais loin. Superbe Black Eyes, beauté de Ghost Towns à la mélancolie contagieuse. La fin s'approche déjà. Ben Cooper lance Mountains, grave des portraits de personnages en quelques esquisses. La montée est exquise mais cela suffira-t-il ? On se dit que les dix chansons passées nous ont montré le truc, qu'il en faudra plus pour faire mouche... jusqu'à cette rupture de la deuxième minute. La mélodie s'élève encore, captivante, comme un dernier trait subtilement empenné qui touche droit au coeur. Le genre de coup qui laisse bouche bée avec la seule envie de réécouter pour revivre le même instant de stupéfaction ravie.