Retrouver Ducktails en album de la semaine n’est pas vraiment une surprise tant on aime l’homme derrière ce projet. Au commande du groupe il y a Matthew Mondanile qui s’est lancé dans cette aventure en 2008 mais ce n’est qu’un an plus tard qu’on fera sa connaissance avec son side-project qui va très vite dépasser son bébé, les désormais incontournables Real Estate. Dès leur premier album on a été, il faut le dire, sur le cul avec leur pop mélancolique et ensoleillée aux harmonies enchanteresses. Du coup, 3ème meilleur disque en 2009 et 4ème en 2011 pour leur deuxième et dernier album en date. Ouai on est bien fan et pourtant, on ne s’était jamais trop attardé sur Ducktails excepté quelques écoutes inattentives de III: Arcade Dynamics qui ne nous avait pas laissé de souvenirs impérissables.
The Flower Lane son cinquième album studio est l’occasion de réparer cette erreur d’autant plus qu’il rejoint la grande maison Domino, promesse d’un disque plus ambitieux et plus propre. Forcément lorsqu’on est reçu sur un si gros label, l’heure à la déconnade est révolue et ça s’entend dès la première écoute. Matthew Mondanile a décidément mis les petits plats dans les grands en s’associant avec une pléthore d’invités. On retrouve ainsi Daniel Lopatin (Oneohtrix Point Never, Ford & Lopatin) aux synthés, Joel Ford (Ford & Lopatin) à la basse, Madeline Follin (Cults) et Jessa Farkas qui font une apparition derrière le micro, Sam Mehran à la guitare (ex-Test Icicles) et le groupe Big Troubles en backing band. Bref, le mec s’est fait plaisir et si tous ces invités auraient pu nous filer une indigestion, il faut savoir qu’ici tout est très bien élaboré afin de nous livrer un disque réussi et grisant de bout en bout.
Ce qu’on aime dans The Flower Lane, c’est de retrouver toutes les inspirations et tout son amour pour un large éventail de la pop des années 80 parfaitement assimilées ici. De Peter Gutteridge (dont il fait une reprise) à Prefab Sprout en passant par Orange Juice, le garçon fait le grand écart sans tomber dans le piège de l’hommage trop évident. Rien de plus agaçant qu’un album qui rappelle tel groupe sur telle chanson, puis machin et ainsi de suite… Ici, le petit malin ne cesse de brasser ses influences qui se retrouvent toutes sur chaque chanson. Au lieu de faire tour à tour un pastiche de chaque artiste qu’il a chéri dans sa jeunesse, il a préféré piocher des idées ici et là pour livrer au final 10 compositions détonantes, cohérentes et originales. Plus qu’un hommage à ces groupes, Il rend hommage à une époque sans jamais tomber dans la copie conforme.
Ce qui pourrait être presque un exercice de style n’en est rien, on est face à un artiste qui a parfaitement appris sa leçon et qui la récite non sans passion et en apportant sa touche personnelle. The Flower Lane aurait pu ressembler à un délire rétro voire ringard mais c’est sans compter sur le génie de Matthew Mondanile qui vient jouer dans la même cour que ses amis contemporains de Destroyer ou Ariel Pink. Il insuffle a ses compostions ensoleillées des saxophones et des guitares 80’s du plus bel effet. Cerise sur le gâteau, Real Estate a finit par dépeindre sur lui lorsqu’on écoute l’ouverture Ivy Covered House qui possède ce même amour pour le mariage des guitares, des mélodies émouvantes, nostalgiques et estivales à laquelle il faut rajouter toutes les références citées plus haut.
Au-delà de ses modèles, Matthew Mondanile confirme ce talent pour écrire de jolies mélodies pop qui font mouche à chaque fois. Il n’y a rien pas grand-chose à jeter même si les compositions se révèlent un ton en dessous des grands dieux suprêmes que sont Real Estate. Avec The Flower Lane, il démontre surtout qu’il faut compter sur son projet solo et qu’il est lui aussi capable de sortir de (très) bons disques à défaut d’être grands.
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