L’air de rien, cette bande de norvégiens commencent sérieusement ressembler aux petits surdoués de la classe. Apparus en 2009 (Identity) avec l’image d’un nouvel ersatz moderne de feu Pink Floyd et co, AIRBAG avait fait banco deux ans plus tard avec l’impeccable All Rights Removed. Forcément zieuté par la communauté qui vit dans ces nordiques (encore une fois) la preuve que le prog rock venu du froid c’est quand même quelque chose de chaud bouillant, The Greatest Show On Earth débarque sans effets d’annonce ni trompettes inutiles. Un sens de la discrétion qui n’enlèvera rien à ses qualités de première bourre.
Comme les pages d’un journal intime, nous retrouvons toute la saveur du groupe. Des guitares planantes, des ambiances couvertes par des orgues subtilement vintage, un instinct mélodique éblouissant, une production lumineuse. AIRBAG ne s’est pourtant pas reposé sur ses lauriers. En ce sens, voici peut-être l’album le moins paisible du groupe, qui le voit adopter des sonorités plus rugueuses sans jamais se laisser aller au malaise pouvant ainsi se rapprocher certains passages de Porcupine Tree (« Redemption ») sans oublier le reste. Et si l’on doit parler d’influences, on ne manquera pas d’évoquer l’ombre de Pink Floyd, évidemment, et le cousinage géographique et musical avec Gazpacho avec cette habileté à marier les compositions imparables (« Silence Grows ») et les titres sautillants qui font taper du pied (« The Greatest Show On Earth »). Le saupoudrage psychédélique témoigne encore de cette volonté d’alléger toute charge inutile (« Call Me Back », splendide de subtilité).
L’album sonne très seventies quand même, et cela s’explique par les influences qui jalonnent la vie du groupe autant que la volonté manifeste de retrouver l’esprit originel du genre. Une forme de pureté qui se retrouve dans la manie de purger leurs compositions de toute futilité. Album relativement court (50 minutes environ), sans gras ni boursoufflures, ce disque coloré semble contenir tout ce que AIRBAG a toujours promis de donner : une épiphanie de rock progressif à la fois classique et moderne, pour tous ceux qui ont rêvé d’entendre se croiser les grands titres protéiformes (« Surveillance, part 2&3 ») à grands coups d’orgue, de guitare et de basse dodue, et la maestria mélodique donnant toute la chaire nécessaire au grand frisson. Cette musique de lever de soleil est un véritable baume au cœur.
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