Et pas du tout vive Porches. Je ne saurais pas expliquer à quel point je suis triste du tournant pourri qu'à pris ce groupe qui m'a suivi pendant presque 3 ans sans interruption. Scrap and Love Songs Revisited reste un de mes albums préférés, je suis toujours et pour toujours amoureuse de Greta et Aaron, Summer of Ten a marqué pour des décennies ma bibliothèque iTunes mais putain il s'est passé quelque chose de moche quand Domino a décidé de signer le groupe.
La petite histoire rigolote c'est que j'ai fini par avoir une brève histoire avec le type qui produisait leur dernier (mauvais) album, Pool. Entre deux trucs à la con ("tes prod sont nulles" et "tu vends ton âme au diable mec"), je lui dis donc que j'ai chroniqué ledit album à sa sortie et que le résultat était sans appel - c'était nul. J'avais pas envie de commenter plus mais on s'est pas mal pris la tête sur le bien fondé du dégoût qui me traverse quand je vois mes petits groupes d'amour signer chez une major. Je suis une meuf chiante, dans l'ensemble - parce que j'ai commencé avec les Ramones et X-Ray Spex, je suis intimement persuadée que la récupération des indé par Domino est toujours une idée atroce. Pour Porches (et pour d'autres, enfin, merde, vous avez vraiment préféré Painting With d'Animal Collective à Feels, sorti chez Fat Cat ? Non, bon) j'ai raison.
Le problème ce n'est pas que ces groupes gagnent en visibilité. Je ne suis pas complètement bouchée, je suis toujours très heureuse de voir des petits groupes percer, d'ailleurs rien ne m'a fait plus plaisir en 2016 que de voir katie dey encensée par les connards de Pitchfork (Flood Network est un indispensable du new lo-fi) - mais elle le méritait. Elle le méritait vraiment.
Porches a perdu entre ses début sur Exploding in Sound et ce dernier album décevant chez Domino ce qui faisait du groupe un vrai bon groupe. Je n'ai en aucun cas l'impression que la visibilité du groupe l'ai poussé à expérimenter plus de choses, que les productions aient été épanouissantes, ou que l'engouement soudain pour Aaron Maine l'ai aidé à continuer d'écrire magnifiquement. Ça arrive, pourtant : regardez Frankie Cosmos ! Mis à part le très beau Country, The House est un album auquel il manque un truc ultra important - une âme. Ce petit rien/tout qu'il y avait dans les autres, une certaine sensibilité, des fausses notes.
Je suis peut être une tête de con mais il y a des groupes que je n'aime pas voir aseptisés. Je regrette une certaine liberté que les petits labels offrent à leurs signatures, un goût pour l'originalité, le neuf, le borderline. J'aime les trucs bancals, les albums qui grésillent. Je ne comprend pas l'évolution de Porches et je me dis que ça a sans doute à voir avec ce que l'on demande aux artistes en contre-partie d'une signature chez un géant.
Porches, depuis Pool, me fait me demander inlassablement quel est le prix de la vente d'albums - qu'est ce que l'on doit perdre (ou gagner) pour réussir ?
Si c'est passer à la javel les prod, les faire ressembler à du Dua Lipa (sans offense parce qu'en vrai c'est pas si nul) et appliquer une connerie de synthé en arrière plan...
Forcément, je me demande aussi je ne suis pas un peu trop radicale, et du coup ça me permet de balancer un contre exemple festif pour clore un peu tout ça - le dernier MGMT. Il est ouf. Le premier était ouf, le deuxième était ouf et le troisième est ouf. Ils ont toujours été signés chez Sony. Entre les trois albums il y a définitivement une prise de maturité, un côté plus pop que psyché, et, j'imagine, quelques compromis de contrat. Mais ça reste bien. Ça reste épanouissant. Ça reste sincère.
C'est peut être ça qui me gêne, avec The House - le manque de sincérité. L'uniformisation du rendu, le lissage du son. Ce truc énervant, de : ça pourrait être n'importe quel autre groupe de 2018, avec ce son de 2018 et ces clips néons de 2018. Quand ça ressemble à tout ça ressemble plus à rien, et on perd l'essence.
Mais je dois être un peu réac.