RE-JOYCE ! J'ai sauté en l'air si fort en me réveillant hier matin à la simple idée de pouvoir enfin écouter cet album que j'ai fais un putain de trou dans mon plafond.
Pourtant c'était pas gagné : quand Little Dark Age était sorti en novembre, j'avais complètement dénigré le clip à la con avec Conan Mockassin et même à la deuxième écoute je trouvais ça carrément bof. Et puis par hasard quelques semaines plus tard je me surprend à le réécouter une, puis deux, puis trois fois... Puis en fait à n'écouter qu'uniquement ce putain de morceau pendant TOUTES mes vacances de Noël (deux semaines complètes où j'ai fumé ma cigarette dans le jardin, les yeux dans le vague, à lip-sync méchamment "forgiving who you are / for what you stand to gain" en étant persuadée que le type me parlait directement comme si j'étais sa putain de pote ou sa muse). Avec la sortie de Hand It Over puis de TSLAMP, j'avais fini par attendre le leak de cet LP comme on attend le messie, je parlais de ça au moins 2 fois par jour et j'avais même fini par mettre le lien Has It Leaked ? dans mes favoris et je rechargeais la page 3 fois par jour. Je rongeais mon frein. J'avais l'air débile mais quand finalement j'ai enfin pu écouter LDA j'ai pleuré ma mère.
On ne se rend pas compte à quel point c'est difficile de faire un album de pop qui soit bon. J'en parlais l'autre jour avec une copine, en fait le vrai truc de la pop c'est que c'est très délicat de se démarquer et de sortir du lot. Si on est un peu bornés mais sérieux, un mec qui fait (par exemple) de la noise hyper spécifique et qui s'adresse à une poignée de pelos à l'oreille déjà "faite" aura plus de chances de faire un bon album qu'un groupe qui voudrait toucher un maximum de personnes venant d'horizons musicaux très différents. Faire de la pop c'est vouloir parler à la moitié des gens sur Terre. Donc c'est très difficile, parce que tu te mesures directement à 60 ans d'histoire (je date aux Beatles, on ne va pas polémiquer par contre c'est pas le sujet) et que t'as plus de chances de te planter complètement et finir par faire de la soupe sans même t'en rendre compte. Parce que c'est super simple, la pop reste à mes yeux un des genres les plus difficiles à gérer.
Donc, LDA est un album de pop. Et c'est un excellent album de pop.
À quoi ça tient, un bon album ? Déjà il faut quelques tubes dessus - l'excellent Little Dark Age et ce synthé de folie qui groove de dingue, le très beau Hand It Over qui résume assez bien l'intégralité de ma vie amoureuse, et le génial When You Die, dont les paroles lol m'ont carrément fait penser à du Of Montreal (Kevin, si tu nous entends). Mais c'est aussi un équilibre que LDA réussit parfaitement à tenir : l'album débute sur She Works Out Too Much, qui pourrait être l'enfant schizo des Flaming Lips et André 3000, fait un petit crochet par la synth 80's (j'ai carrément pensé à Raf / Self Control, en fait), dépose un peu d'instru, un peu de vocals à la Jackson and His Computer Band (hey, on en parle de When You're Small ou pas ? Qui n'a pas pleuré, dénoncez vous ! ) bref, jongle, détourne, accroche et tire un fil sur plusieurs décennies de musique électronique, mettant finalement le très cheap et le très pointu dans le même sac - et ça marche.
Comme je le disais un peu plus haut, j'ai mis beaucoup de temps à écouter de la pop. Il a fallu que je passe par plein de phases avant d'être ok avec le fait d'écouter des trucs qui me rendaient heureuse - j'avais toujours un peu honte, en fait, de me dire que j'écoutais des morceaux en majeur, des synthés très simple sans reverb par dessus et des lignes mélodiques facilement reconnaissables sans un milliard de petites particules de bruit par dessus. Je ne sais pas si j'aurais aimé LDA il y a deux ans. Je ne sais même pas si j'aurais osé me dire que j'écoutais MGMT, mais après m'être replongée récemment dans leur discographie (deux disques. Y'a deux disques, je fais comme si les mecs c'était Luis Mariano mais y'a que deux disques ça m'a pris 1h30) je crois que j'étais passée totalement à côté de ce que les mecs avaient à dire. LDA montre, à mon sens, très bien le message que fait passer le groupe depuis le début - c'est joyeux, triste, beau et simple. C'est sans prétention, ça rend hommage à plein d'époques et surtout ça rend hommage à maintenant. Je crois que j'ai envie de ça en ce moment, et je crois qu'on en a besoin. Un truc de maintenant, qui voie vers le futur avec plein de tendresse pour le passé.
Un petit clin d'oeil amusé que l'on glisserais, adulte, à notre Little Dark Age, quoi.