Little Dark Age
6.8
Little Dark Age

Album de MGMT (2018)

MGMT fait partie de ces artistes maudits par le succès d'une première oeuvre de génie qui ferait passer toutes les suivantes pour mauvaises.


Alors pour éviter la pâle copie, le duo tente de se renouveler après son génial "Oracular Spectacular", qui aura fait passer la pop au nouveau millénaire. Ainsi sort le très attendu "Congratulations" en 2010, plus psychédélique et profond, le public découvre un opus cohérent mais manifestement différent du premier, et qui malgré sa qualité, restera dans l'ombre de son grand frère.
C'est alors que sort l'éponyme en 2013. Il s'affranchit radicalement de ses deux prédécesseurs, trop expérimental et trop loin des canons de la musique actuelle, trop bruyant aussi, il semble que seule la presse l'accueille à bras ouverts. Le groupe se met le public de la première heure à dos et entre en hibernation.


Plus de doutes MGMT est un groupe qui explore et travaille ses mélodies et surtout les sonorités, avec l'ambition constante de se renouveler. Le coup gagnant du premier album n'arrêtera pas la recherche, et maintenant que 11 ans se sont passés depuis "Oracular" et 5 depuis le troisième du nom, le duo peut surprendre et plaire à nouveau sans complexes, maintenant qu'il a montré qu'il n'était pas une machine à tubes mais un terrain d'exploration.


C'est dans ce contexte que sort "Little Dark Age" , les attentes sont élevées et globalement l'album y répond.
Les morceaux sont résolument teintés de nostalgie, les basses-synthés, les boites à rythme, arpeggiators, vocoders, et les nappes de synthés analogiques nous plongent directement dans les 80's.
Trois extraits plutôt hétéroclites ont vu le jour avant l'album.
"Little Dark Age", le premier single, nous avait prévenu de la contenance de ce disque. Glam-pop à souhait, refrain dévastateur sur fond de basse robotique et drum machine. Rétro jusque dans la vidéo où l'on croit reconnaître Robert Smith et ses chauve-souris dans un château hanté, ambiance VHS.
"When You Die" avait continué la promo de la plus belle des façons avec une ambiance plus légère, à coups de longs ponts instrumentaux et effets sonores, de guitares acoustiques et un clip aux petits oignons, encore une fois.
Enfin, le single "Hand It Over", plus ambiant avait définitivement rassuré les fans : "le psyché est de retour!", la mélodie aussi. Il racolait même les adorateurs du dernier Tame Impala en date.
L'album pouvait donc sortir sans crainte.


Et bien que MGMT fasse dans la forme, ils n'en oublient pas le fond pour autant, "Me and Michael", "Tslamp" et "One Thing Left To Try" ont des mélodies terriblement accrocheuses sur fond pop. La science du riff y accompagne l'habillage. Les tubes sont donc au rendez-vous, mais les bizarreries ne sont pas épargnées pour autant.
L'opus n'oublie pas la quête de singularité chère à MGMT et s'ouvre sur le frénétique "She Works Out Too Much", tempo rapide, paroles barrées et choeurs féminins. Les cinq années d'hibernation s'expliquent dès la première écoute. Le travail est colossal, chaque son est dosé, chaque prise de parti est pesée. Spécialement les basses, plus présentes et plus éclectiques.
Plus loin on découvre "James", plus familier - pas inoubliable - où l'on peut entendre le registre plus grave de la voix d'Andrew. De même sur le refrain de "When You're Small", aux allures de ballade, où les ambiances et les progressions harmoniques rappellent AIR et son safari lunaire. Bémol de l'album, l'instrumental "Days That Got Away", peu varié et un peu long mais qui fonctionne dans ces 45m intenses, comme un liant.


MGMT réussit donc son pari, pas de doutes qu'il ravira les fans et s'en appropriera même surement une nouvelle génération, à l'heure où les années 1980 sont à l'honneur (voyez le succès de Stranger Things) le timing était parfait.
Le duo regarde dans le rétro, mais sert quelque chose d'inédit par ses combinaisons de sons, de styles, mais aussi par son histoire personnelle. Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden brouillent encore les pistes, mais une chose est sûre, la recherche est au centre des préoccupations des new-yorkais. Tant que vous nous la servez avec de la pop, continuez messieurs, ça marchera.


7/10

martynstore
7
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le 8 févr. 2018

Critique lue 860 fois

7 j'aime

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