The Inherited Repression par Joro Andrianasolo
Les diables de Tasmanie … ah oui vous vous y attendiez à celle-là … on va changer, les compatriotes de ce cher Taz sont de retour pour tout détruire à grands coups de death metal. Il y a 4 ans, ils avaient plus ou moins réussi leur entrée dans la cours des grands (signature chez Nuclear Blast, album produit par Logan Mader) mais s’étaient un peu égarés, abandonnant une part de leur identité en s’affublant d’un attirail hardcore, peu apprécié des vieux fans. C’est pas The Inherited Repression qui va les réconcilier on dirait …
Parce que oui, on relève encore pas mal de digressions vocales tel qu’on l’a aperçu sur (Ob)servant ce coup-ci. On pense parfois à Joe Duplantier (Gojira) dans la manière de moduler surtout vers les aigus, Jason Peppiat ne replonge cependant plus tellement dans les profondeurs du growl gras bien connu par le passé. Ceux qui pestaient contre ce type de voix peuvent donc continuer à se lamenter … ou accepter la nouveauté. Les Australiens ont toujours ce groove assez démentiel qu’on leur connaît (“Forward to Submission”, “Unmasking the Traitors”). Ca manque en revanche un petit peu de solis tout ça … En contrepartie, Joe Haley semble avoir mis tout son savoir faire en marche côté riffs. Admirez comment s’enchaînent à merveille ceux de l’excellent “Euphorinasia”, un des meilleurs titres de l’album, peut-être même de leur carrière. Les adeptes du Psycroptic plus sauvage seront également servis (“The Throne of Kings”, essayez d’énumérer le nombre de plans). La batterie sonne beaucoup moins artificielle que sur leur précédent effort, un geste qui mérite d’être salué. Dommage par contre que la basse soit à ce point mise en retrait, ne servant qu’à doubler la rythmique ou étouffée par la grosse caisse.
En de très rares moments, on laisse le champ libre à la quatre cordes (dernières minutes de “Unmasking the Traitors”). Ce problème de basse mis à part, les musiciens sont d’une efficacité redoutable, ça blaste sévère, avec une minutie qui fait peur, tant l’ensemble est précis, merci la prod, cette fois-ci faite maison. Un très fort sentiment d’uniformité va vous peser le long des 40 minutes que dure The Inherited Repression. La faute au son peut-être ? Plus naturel que sur (Ob)servant, mais encore perfectible. C’est un petit peu dû au chant aussi, très pauvre en variations. Quoi qu’il en soit au bout d’un moment on s’emmerde (“From Scribes to Ashes”, ennuyeux à mourir). Un handicap qui nuit pas mal à la personnalité de l’album, s’apparentant à une sorte de gros bloc sans relief une fois l’intégralité écoutée. En fin de parcours vous attends heureusement une autre petite merveille : “Deprivation”, avec toujours ces superbes arpèges de guitare hispanisante déjà entendus sur “Euphorinasia”. Ce sont justement les 2 seuls moments à se démarquer vraiment du reste. Il en aurait fallu un peu plus … beaucoup plus.
Ils sont toujours d’un niveau technique insolent et ont ce minimum de groove qui fait défaut à d’autres boxant dans leur catégorie. Come-back en partie raté malheureusement pour eux. Tout ceci laisse une sale impression de « ça aurait pu être encore mieux ». Intéressant, mais un poil décevant à la manière des derniers Decapitated et Origin. A 90 % rythmique, l’album pêche du coup par son manque flagrant de mélodies et la puissance de feu diminuée en raison de leurs choix vocaux. Loin d’être parfait, mais à défaut, plutôt sympa.