Seijitsu : Putain de bordel de fais chier de merde !!!


??? : Oula ! Pourquoi tu t’énerves comme ça ?


Seijitsu : Parce que je ne sais pas quoi écrire sur le quatrième album de Medicine ! Et tu es qui toi ?


??? : Je suis la conscience de Jac… Heu, je suis ta conscience.


Seijitsu : Je veux bien que je sois pas à 100 % équilibré dans ma tête, mais si je commence à entendre des voix telle une Jeanne d’Arc du Web, ça ne va pas le faire ! Cependant, tu pourrais peut-être m’aider avec cette fichue chronique.


Conscience : Je suis là pour ça ! C’est quoi le souci ?


S : Le problème, c’est que ce disque est tellement mauvais et décevant que je pourrais rédiger un texte uniquement constitué d’insultes pour le décrire !


C : Pourquoi ne pas faire ça alors ? Ça défoule et si ça peut faire rire autrui, c’est une réussite !


S : Non, ça ne fait pas sérieux. Surtout que cette sortie n’est pas seulement nulle, elle est également complètement différente de ce qu’ils ont pu composer auparavant.


C : Comment ça ?


S : Dans les années 1990, Medicine était un merveilleux groupe de shoegaze. Ils faisaient une musique à la fois très pop et très bruyante. Tellement bruyante d’ailleurs qu’elle en devenait extrême ! Finalement, ils se sont séparés au moment du déclin du shoegazing et rien ne laissait entendre qu’une reformation aurait lieu, avec un album à la clé, en... 2003 !


C : Il n’y a pas de mal à ça. C’est à cette époque que les premiers groupes du revival shoegaze ont fait leur apparition. Ces Américains avaient droit de récupérer un peu du succès qu’ils n’ont pas pu récolter avant, non ?


S : Certes, mais là n’est pas le propos. The Mechanical Forces of Love (quel nom à la con) n’est pas du shoegaze. C’est ce qui rend cette sortie si difficile à chroniquer. Habituellement, je suis toujours celui qui défend les bandes cherchant à s’extirper de leur carcan quitte à se faire taper dessus par leurs fans de la première heure. Le style de musique n’étant pas le plus important au final, c’est la qualité des morceaux qui prime sur tout le reste. Malheureusement, c’est impossible de parler de cette daube sans critiquer le choix de cette nouvelle orientation.


C : Et c’est quoi cette nouvelle orientation ?


S : Bonne question ! C’est… En fait, je n’ai rien compris ! C’est un gigantesque fatras sonore mélangeant allègrement de l’électro avec des arrangements chaotiques, parfois funky et souvent noisy. Dans la démarche, on est très proche d’une forme de psychédélisme si bien qu’on croirait entendre un mec s’amusant à composer de la musique avec des logiciels tout en ayant les pupilles dilatées et 2 grammes d’alcool dans le sang.


C : Ça a l’air original !


S : Ça l’est. Seulement, s’il suffisait qu’une œuvre soit originale pour être géniale, ça se saurait. Ou alors, Trout Mask Replica est un chef d’œuvre uniquement grâce à sa démarche.


C : Ouch ! Donc tu ne reconnais aucune qualité à ce skeud ?


S : Si je devais reconnaître une qualité, elle serait plus historique que musicale. Car The Mechanical Forces of Love (ce titre bon sang !) prédit toute cette frange diarrhéique du néo-psychedelia de la fin des années 2000. C’est-à-dire des machins débilitants tels que of Montreal ou Animal Collective. Et encore, ces derniers ont réussi à écrire au moins un tube par accident (« My Girls »). Alors que ce disque n’en possède aucun !


C : Ah mais tu es de parti pris ! Tu le saques parce qu’il annonce une vague que tu détestes !


S : Tu as mis le doigt sur ce qui m’empêchait d’écrire dessus. Tout dans cet album annonce une victoire de la production et des arrangements sur les chansons. Ce qui est quelque chose que Medicine a toujours su éviter auparavant, puisque derrière son mur de son dissonant se dissimulait des perles pop à l’ironie irrésistible. Ces morceaux gorgés de sucre étaient trop accrocheurs et trop bien écrits pour être rejetés à cause de leur second degré excessif. Ici, il n’y a rien de mémorable. Seulement de pénibles bidouillages sonores et des vocaux horriblement mielleux.
Ah oui, j’ai oublié de te dire que Beth Thompson est partie. C’est une certaine Shannon Lee qui la remplace et elle ne lui arrive pas à la cheville ! Rien que la conclusion emphatique du dernier morceau est insupportable.


C : C’est vrai que c’est très indigeste... Pourtant, « I M Yrs » est plutôt sympathique.


S : C’est également le seul titre que je sauve. Il n’est pas forcément inoubliable. Toutefois, il démontre que c’est bien en assumant une certaine simplicité que ce duo dévoile sa meilleure facette. Avec une mélodie plus forte, on aurait eu de l'excellente dance-pop.


C : Même si ce que tu dis est recevable, tu sais qu’un amateur de ce style de musique aura des conclusions à l’opposé des tiennes ?


S : Tant pis ! Déjà que Medicine n’est connu que des spécialistes du rock 90s et des amateurs de shoegaze, est-ce qu’il existe réellement quelqu’un de suffisamment dégénéré pour se déclarer fan de cette monstruosité ?


C : Le site Pitchfork lui a tout de même accordé un 8/10.


S : Ça prouve qu’ils étaient déjà à côté de leurs pompes en 2003 ! De toute manière, que je retranscrive ce dont on a discuté ou que je raconte mes ébats avec une sublime brunette aux gros seins en guise de critique, cela n’aura pas une grande importance puisque cette horreur n’intéresse pas grand monde (à raison). Merci de m’avoir fait prendre conscience de ça mon gars !


C : Il n’y a pas de quoi.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
2
Écrit par

Créée

le 19 juil. 2017

Critique lue 60 fois

1 j'aime

Seijitsu

Écrit par

Critique lue 60 fois

1

Du même critique

Split
Seijitsu
9

Chef d’œuvre sous-estimé

Dès les premières notes de "Light From a Dead Star", on sent que quelque chose a changée. Fini la reverb maousse de Robin Guthrie, le son de Lush s'est grandement aéré et les chansons en deviennent...

le 22 juil. 2015

19 j'aime

Giant Steps
Seijitsu
9

Kaléidoscope musical

Qu'est-ce qui sauve un disque de l'oubli ? Sa qualité intrinsèque ou la progéniture qu'il engendrera ? S'il y avait une justice en ce bas monde, c'est la première caractéristique qu'on retiendrait en...

le 15 août 2015

16 j'aime

Badmotorfinger
Seijitsu
10

Enfin maître du grunge

1991: The Year Punk Broke. Il serait surtout plus juste d’affirmer qu’il s’agit de l’explosion médiatique du rock alternatif Américain, voire du rock alternatif tout court. L’année de la découverte...

le 2 mars 2016

16 j'aime

1