Issu de la scène alternative underground bruxelloise Baby Fire est un duo féminin composé de "Diabolita" alias Dominique Cappellen-Waldock (chant et guitare) et de Cha (batterie et claviers), duo qui détonne c'est le moins que l'on puisse dire.
"The red robe" paru en 2014 est leur deuxième album, le groupe ayant déjà sorti "No fear" en 2011.
Si j'ai parlé de duo Baby fire est avant tout le projet de Dominique Cappellen-Waldock qui semble nous balancer en pleine face, à travers ses compositions et ses textes, ses peurs, ses cauchemars, ses délires, ses angoisses, ses traumatismes...(rayez les mentions inutiles, je lance juste des pistes, je ne suis pas là pour faire de la psychanalyse à deux balles). Car autant le dire d'emblée on navigue ici dans des eaux plus que troubles et on n'en sortira pas forcément indemne.
En effet cet album non seulement n'est pas facile d'accès mais n'est surtout pas facile à décrire avec un côté expérimental affirmé, brouillant volontairement les pistes. On est constamment sur le fil du rasoir avec aucune zone de confort même pour les plus endurcis du rock underground le plus sombre.
Car le disque sent bon le DIY des 80's à plein nez.
"Door of mercy" annonce la couleur. Un son crade, presque garage. une batterie et des riffs de guitare minimalistes, quasi désaccordés, une voix enivrée, déjantée, hallucinée, ensorcelée, habitée, possédée (aucune mention inutile n'est à rayer).
Puis arrive "The red robe" (le morceau) , hallucinant dans le contraste entre les envolées vocales surprenantes d'une part et la musique, d'une lourdeur incroyable, d'autre part, sorte de croisement improbable entre Candlemass et Kate Bush. On a là le titre phare du disque, le plus doom (mais pas metal même si les riffs ont un côté sabbathien) avec le final de "A secret ceremony", autre temps fort du disque.
Et que dire du clip, digne du cinéma d'épouvante des années 50 et qui vaut à lui seul le détour.
"The wolf" est du post punk plus traditionnel avec un orgue qui semble sortir d'outre-tombe et un refrain qui vous fait frissonner. Idem pour "Dogs" qui a un fond de mélodie assez rare pour être souligné.
"Mother" est une sorte de folk doom psychédélique où l'on pourrait voir une lointaine filiation avec le Jefferson Airplane de "White Rabbit" .
Eve Libertine et Penny Rimbaud respectivement chanteuse et batteur de CRASS, pionniers du mouvement anarcho-punk britannique de la fin des 70's et du début des 80's, participent à l'album apportant ainsi une caution d'intransigeance, d'intégrité et d'esthétisme. La première contribue aux parties vocales sur "Victory", morceau qui aurait pu figurer sur le "Darkness Rains" de Death Valley Girls, alors que le second prête sa voix sur "The hit light".
"At the very heart of the darkening of the night" est l'un des seuls moments d'accalmie du disque avec juste une guitare bien calme, folk mais avec toujours le côté flippant. On finit par "A secret ceremony" et "The lit light" toujours dans un univers unifiant post-punk et lourdeur.
Dans un registre quelque peu différent on peut penser à Coven, autre grand groupe maître des univers inquiétants et ésotériques. Mais précisons qu'avec Baby Fire, malgré les ambiances malsaines, aucune trace de satanisme à l'horizon.
Tout l'album, quelque soit le tempo, baigne dans un univers imprégné de mort, de douleur, de souffrance, de fantastique, de gothique, de cinéma d'horreur de série B et d'ambiances glauques.
J'ai lu deux chroniques concernant cet album, l'une parlait d'un univers musical doom, l'autre d'un univers post punk, en mettant évidemment chaque fois l'accent sur le côté sombre et ténébreux. La vérité se situe assurément entre les deux même si la filiation de Baby fire avec le post-punk est plus évidente.
Un album assez hallucinant, comme j'en ai assez peu entendu, quelques titres sont clairement moins bons certes, mais si on arrive à se fondre dans l'ambiance le trip est assez fort et même, disons le, carrément envoûtant.
Cha est partie après l'enregistrement du disque et le groupe continue depuis sa route en trio.
Et dernier mot, c'est RJ Dio en personne qui a incité Dominique Cappellen-Waldock à persévérer après avoir écouté la première démo du groupe.
7, 5/10 + coup de de coeur
Chronique rédigée le 13 janvier 2023
The red robe (clip)
https://www.youtube.com/watch?v=2Poj_xI_Qpg
Door of mercy
https://www.youtube.com/watch?v=Stw5AgGSOFc
A secret ceremony
https://www.youtube.com/watch?v=AQFARgGXDPA
Mother
https://m.youtube.com/watch?v=DhvIlN0zOVc