publié à l'origine sur www.sonotone.ch
Etrange pochette que celle du troisième album de Get Well Soon. Tous les ingrédients y sont rassemblés de la désormais familière pop lyrique et théâtrale de l’Allemand Konstantin Gropper: la drapure pourpre, le livre pour les références intellectuelles, les crâne et fruits du memento mori… et un titre bien dramatique. Mais cette mise en scène un peu cheap, à l’image de la paroi en contreplaqué du fond, rappelle qu’il y a autre chose également, et de plutôt inattendu chez un tel artiste: l’humour.
Car les chansons de ce disque comptent parmi leurs rangs aussi bien les classiques du genre (l’efficace Roland, I Feel You, le morceau de bravoure Just Like Henry Darger, la splendide Courage, Tiger!) que des incursions dans l’ironie de ce même genre. Disney et ses coulures de harpe et de violons, les synthés idiots de Dear Wendy ou The Kids Today et ses manières de publicité Royal Canin rappellent que du fastueux au fastidieux, il n’y a pas loin. La grosse machine se transforme alors en pochade, en Opéra de quat’sous, et cette distanciation est bienvenue pour comprendre le monde érudit de Gropper.
Le titre You Cannot Cast Out The Demons, en dernière position, rappelle cette vérité évidente: le genre dans lequel l’Allemand s’illustre est le seul possible, aucun exorcisme n’aura lieu. Une fois que l’on s’est fait à cette idée, il ne reste plus qu’à officier bravement en écrivant de belles chansons, et ce disque en est plein. J’ai gardé les meilleures pour la fin: l’acoustique The World’s Worst Shrink et la fabuleuse A Gallows, figurant sans conteste parmi les meilleures jamais produites par Get Well Soon.