Thirteen Day Getaway
Thirteen Day Getaway

Album de CIV (1998)

Après plusieurs années à avoir arpenté les scènes, notamment new-yorkaises, avec son punk hardcore redoutable et redouté, tranchant et furieux et avoir été avec Youth of Today (notamment) les fers de lance d'une nouvelle vague hardcore straight-edge, Gorilla Biscuits se sépare en 1992.
Walter Schreifels le guitariste s'en va fonder Quicksand, qui allait devenir un groupe phare du post hardcore alors que Anthony Civarelli le chanteur forme CIV (auquel Schreifels participera de manière occasionnelle).
Changement de cap radical. Si le côté punk est toujours présent il est dilué dans de la pop. Mais attention de la pop énergique, où la mélodie se taille la part belle. Des mélodies et des refrains très soignées. Des modèles du genre.
CIV propose en effet un croisement remarquable entre d'un côté le punk mélodique traditionnel, mais globalement moins rapide, et de l'autre côté quelques similitudes évidentes avec Fugazi (période Repeater) mais en nettement moins expérimental, moins cérébral et plus léger.
Ce qui donne sur "Thirteen day getaway", le second album du groupe, quelques petits bijoux tels "Secondhand superstar", "Haven't been myself in a while", "Everyday" (vraiment très classe celle là) ou encore "Big girl".
La voix de Civarelli fait mouche aussi bien dans le côté agressif que dans le côté mélodieux.
Dans un genre "power pop" cet album ne contient quasiment que des "hits" potentiels, notamment les titres de la première face.
Sur "Owner's manual" et à un degré moindre "Living life" CIV se lâche enfin et renoue avec le punk hardcore de Gorilla biscuits et on retrouve là parfaitement la voix et la rage purement hardcore.
La seconde face est juste un ton en dessous au niveau de la qualité des compositions mais ça reste plus qu'honorable, il faut dire que les six premiers morceaux avaient placé la barre bien haute.
J'ai déjà parlé à travers quelques chroniques de groupes tels que les Thugs, Skippies ou The Saints.
CIV présente parfois quelques points communs avec ces derniers même si chacun a ses différences et ses spécificités propres. Notamment sur un point qui me tient particulièrement à cœur, à savoir l'approche et le dosage (parfait ici comme pour les groupes précédemment cités) entre l'énergie et le sens de la mélodie. Et toutes ces formations, qui ont les mêmes points forts, montrent en effet qu'on peut faire un album de qualité, en ayant une sacrée pêche et une agressivité évidente, sans pour autant battre le record de notes jouées à la minute.
Et CIV, de ce point de vue, figure parmi les meilleurs.
Mais alors que Quicksand connaîtra un succès mérité (quoique relatif en terme de ventes) et figurera parmi les pionniers du post hardcore, CIV restera dans un oubli quasi total, aussi incroyable que celui puisse paraître à l'écoute de ce deuxième album (le premier "Set your goals" étant pas mal du tout mais moins abouti).
Attention soyons clair il n'y a rien de véritablement révolutionnaire ou d'extraordinaire ici, même si certains morceaux sont assez flamboyants, aucune originalité débordante... Non juste de sacrés mélodies bien ficelées au service d'un punk rock très classe et au final on a dans nos mains l'un des meilleurs albums du genre là où tant de groupes se sont cassés les dents.


7,5 / 10


Secondhand superstar
https://www.youtube.com/watch?v=VpRSJJ-dDQQ
Everyday
https://www.youtube.com/watch?v=IIFaLMH32Zc
Haven't been myself in a while
https://www.youtube.com/watch?v=DPzlu7zPcKo

Créée

le 9 juil. 2021

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nico94

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