Rares sont les légendes du Hip-Hop américain qui ont émergées dans les 80s à sortir encore des albums durant ces années 2010.
Kool Keith fait exception à cette "règle", et de fort belle manière puisque depuis le début de sa carrière solo en 1996, avec l'incontournable "Dr. Octaconecologyst", il a sorti l'équivalent de plus d'un album par an. En revanche la qualité n'a pas toujours été au rendez-vous, enfin surtout ces dix dernières années. Cette prolifération de projets, albums, mixtapes est le signe d'un amour certains à nous raconter des histoires, sexuelles, spatiales, complotistes, égocentriques, abracadabrantesques. Son flow n'est plus le même, désormais plus posé, plus lent, il sait néanmoins toujours manier avec virtuosité le off-beat. Quand la production lui en donne l'occasion.
Le second intérêt de l'album est donc les productions de L'Orange, producteur faisant honneur à la culture du crate diggin' : le sampling. C'est ce qui m'a marqué en premier lorsque j'ai découvert L'Orange, la qualité de ses samples, et l'identité qu'il arrive à donner à ses prods, à la manière d'un RZA ou d'un Primo. Et donc à l'univers général qui se dégage de chacun des albums où il est à la prod. Ici il offre un terrain de jeu parfait pour Keith Thornton, et montre qu'il maîtrise et connait très bien l'univers de ce dernier.
C'est ce qui manquait à Keith de manière générale dans ses récents albums, et ce qui a fait la force de ses plus beaux albums. Cet album se présente donc comme un nouveau nanar de sci-fi de la part de Keith. Un très bon exemple de cette identité et de l'alchimie entre prod et flow/delivery est "The Green Ray" mêlant vieux samples de cuivres et de vieux films, flow laidback et imaginaire de science-fiction comme seul sait nous en écrire Kool Keith. L'association des deux hommes est donc très convaincante et quelques featurings viennent agrémenter le tout.
Lui qui sortait il y a trois ans le morceau "Goodbye Rap" pour conclure un énième album décevant...