Il faudra alors attendre onze ans pour retomber sur un album studio d’ABC. Entre temps, Martin ne chôme pas vraiment, offrant quelques ballades orchestrales inédites comme « Peace and Tranquility » et « Blame » sur d'énièmes compilations et tournant beaucoup (le premier concert enregistré du groupe sortant en 1999 sous le nom de Lexicon Of Live). C'est durant une de ces tournées avec le batteur David Palmer et le nouveau claviériste Chuck Kentis que sera écrit Traffic, paru en 2008.
J'ai beaucoup de mal avec cet album malgré de bons retours critiques, retours que je ne comprends pas non plus puisqu'ils disent en gros qu'avec Traffic, Martin Fry retrouve son talent de songwriter qu’il aurait perdu au milieu des années 80, ce qui est déjà pas tout à fait vrai. Certes, Gary Langan, mixeur sur Lexicon et Beauty Stab, est de la partie (est-ce que ça s'entend vraiment?), mais à l'écoute des singles choisis « The Very First Time » et « Love is Strong », on ne peut que constater un appauvrissement des paroles (« I know this Love is strong, so tell me I’m wrong, tell me I’m wrong ») au-delà d'une thématique intéressante, et, comparé même à Skyscraping, constater un appauvrissement des mélodies. L'ont-ils seulement écouté Skyscraping ?!
D'ailleurs, il est assez difficile de reconnaître la patte ABC sur une bonne partie de l'album, et ce changement me semble être voulu. La production est encore plus rock, moins Synthpop, et Martin y donne de la voix comme jamais, au point où l'on se demande parfois si c'est bien lui au chant, et ce dès la piste d'ouverture. Dans cet exercice de style, je reconnais, comme les fans, que « Life Shapes You » aurait été un meilleur single que les deux autres, refrain fédérateur et mixage électrique enivrant. Le riff funky à la Prince sur « One Way Traffic » mis à part, le reste m'a laissé de côté ; les chœurs, l'orchestration acoustique, l'arrière fond électronique ici ne servent pas grand choses. Malgré un retour à la radio, cet opus passe-partout passera surtout inaperçu dans les sorties des années 2000.
Si le même travail de production (qui reste tout de même appliqué et détaillé) sur Traffic avait été réalisé sur Skyscraping, nous aurions peut-être eu le droit à au moins un grand album. En attendant, s'il fallait n'en garder qu'un, ce serait cette sortie de 97 pour la saveur mélodique qui s'en dégage.