Triggers
6.9
Triggers

Album de April March (2002)

Un petit miracle de la création musicale

Une fois de plus la musique donne une leçon de savoir vivre au monde et une fois de plus c’est chez Tricatel que ça se passe. Et une fois de plus on voudrait que tout le monde soit au courant.
Un français et une américaine ont fait ensemble un truc formidable, un disque fort, enthousiasmant, profond, touchant, attachant, plein d’idées et de sons nouveaux !


Le français, c’est Bertrand Burgalat, compositeur, producteur, interprète (et aussi patron du mythique label Tricatel). Son « son », à base de basse claquante, d’orgue, de piano électrique, de chœurs et de fines orchestrations est très caractéristique, très personnel . Disons qu’on reconnaît facilement sa patte .Et comme c’est pas donné à tout le monde d’avoir un style aussi net, aussi efficace et aussi affirmé, on ajoutera que cet homme là, c’est un grand d’aujourd’hui. C’est de plus en plus admis et reconnu. Mais il serait quand même temps que cette information de la première importance passe le cercle des initiés, de plus en plus nombreux, certes, mais bon… Ca ferait tellement de bien à tout le monde.
Là où il est fort aussi, Bertrand, c’est pour s’entourer . Ecoutez son groupe AS Dragons ! Là aussi, quel son, quelle osmose, quel plaisir !


L’américaine, c’est Elinor Blake (le vrai nom d’Avril Mars), artiste complète, dessinatrice (dessins animés, livres pour enfants…), auteur, chanteuse francophile (bercée dès l’enfance par Serge Gainsbourg et Françoise Hardy dont sa mère était fan) à voix pure et à craquante petite pointe d’accent à peine perceptible.
Notre B.B. avait déjà collaboré avec cette américaine : ça avait donné le formidable April March :« Chrominance decoder » en 1998, encensé par la critique, tant française …qu’américaine !
Et aujourd’hui ils se retrouvent pour renouveler l’exploit. Haut la main.


Car « Triggers » est un petit miracle de la création, plein d’inventions et de finesse. Entre les mains de Bertrand lui-même, des AS Dragons, des génies suédois de Eggstone et d’une impeccable formation à cordes, la musique n’est pas du simple rock, de la simple pop, électro, variété, kitsch, revival années 70 ou que sais-je d’autre. C’est plus que tout ça : c’est de la Musique.
Et d’ailleurs, pendant que j’y suis, j’aimerais bien qu’on arrête de coller des étiquettes ridicules, déplacées, réductrices et injustifiées sur la musique en général et sur Burgalat et Tricatel en particulier : laissons donc chacun libre de ses émotions, de ses sources d’excitation et de ses goûts sans chercher à canaliser tout ça dans des courants identifiés. C’est vrai, quoi, c’est énervant, à force…Laissons faire la musique tout court et puis c’est tout.


Et donc, laissons nous porter sans a priori par cette œuvre riche aux trésors gentiment cachés, magnifiquement mis en valeur par la voix pleine de fraîcheur d’April March, attachante, qui signe la plupart des textes (en anglais et en français). On retrouve (dans « Le code rural », par exemple) quelques ambiances de l’adorable album que Burgalat avait écrit avec Valérie Lemercier en 1996. Et quelques tubes imparables en puissance (« Zero zero », « Coral bracelet », « Somewhere up above »). Mais on est également confronté au surréalisme à la Magritte (« la nuit est là ») ou à des climats beaucoup plus sombres ( « Que le soleil soit maudit » ou le très angoissant « Necropolis » qui clôt l’album).


Une œuvre riche, je vous ai dit. Probablement une des meilleures portées par la pourtant inconditionnellement épatante écurie Tricatel.
Ecoutez et vous comprendrez ce que je veux dire .

RolandCaduf
8
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Créée

le 12 mai 2021

Critique lue 55 fois

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RolandCaduf

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