Sept ans déjà. Je ne m'étais pas vraiment aperçu de l'absence de Millencolin. Bien que le fameux No Cigar soit revenu régulièrement et avec plaisir à mes oreilles durant mes jeunes années, je n'ai jamais suivi le groupe de très près, malgré une relative connaissance de ce qu'ils ont fait jusque là.
Jusque Sense & Sensibility, premier morceau dévoilé de ce nouvel album. Une petite bombe de punk-rock excessivement accrocheur, du genre que tu écoutes cinq fois de suite, avec des PUTAINS DE CHOEURS à la fin. Oui, ça c'est personnel, c'est mon côté groupie de Bad Religion. Mais ce passage pourrait durer 5 minutes de plus que ça me ferait même pas chier, tu vois. Enfin bref, tout ça pour dire que j'avais espoir. Le souvenir du dernier Lagwagon, peut-être.
L'album enfin en écoute intégrale, je découvre que le titre du premier morceau est une référence à Bad Religion (c'est eux qui le disent, c'est pas moi qui vois du BR partout), que la guitare rythmique de l'intro est la même que dans No Direction du même Bad Religion, et qu'il y a un passage au milieu du morceau uniquement composé de « oozin aahs », sans aucune parole... tout comme dans The Answer du même album.
Influences assumées, voire affichées, mais bien digérées, pour un morceau qui sonne finalement comme du (bon) Millencolin.
Et c'est ce à quoi l'on aura droit pendant tout l'album : des influences plus ou moins marquées (dans la musique ou simplement dans les titres) pour un résultat tout à fait dans la veine de ce que fait le groupe habituellement, sauf qu'il est ici à son meilleur niveau. Mention spéciale à Mr. Fake Believe, qui réussi l'exploit de contenir un clin d’œil (relativement subtil) à Bad Religion, tout en proposant des couplets dont le début rappelle fortement Magnolias For Ever de Claude François. Avec un titre en hommage à Gene Simmons.
Alors certes, l'album est bien plus pop que ne le laissait présager le premier single (il suffit d'écouter Chameleon ou Bring Me Home pour s'en convaincre) mais cela n'empêche pas la plupart des pistes d'avoir une saveur de classique instantané, bien aidées par des refrains qui vous collent au cerveau. Classique dans tous les sens du terme, d'ailleurs. Si bien que l'on pourra fustiger le manque d'originalité de cet opus comme se prosterner devant une efficacité qui atteint des sommets, d'autant plus si vous aimez la voix de Sarcevic. C'est au choix.
Je ne m'attarderai pas sur les textes, qui contiennent tous les thèmes chers à la scène punk (l'anti-racisme, le refus de la dictature de l'argent, la nécessité de vivre comme on l'entend, et j'en passe) pour un traitement assez basique, voire cliché. Peu importe, ça ne nuit pas à l'ensemble, pas plus que les deux ou trois morceaux un peu moins réussis (Believe in John) qui viennent quelque peu casser la dynamique de l'album malgré leurs qualités respectives. On en ressort tout de même avec une furieuse envie de recommencer.