Ce chaud jour d'été était parfait pour aller rendre visite à cette boutique de vinyles parisienne, perdue entre l'Hotel de Ville et le Marais. Rock'n'Roll Voltage, même, que ça s'appelle. Frénétiquement, chercher le précieux sésame, glisser ses doigts, faire basculer chaque oeuvre pour jeter un coup d'oeil à celle qui se cache derrière. Puis recommencer, jusqu'à le trouver.
Mais pas cette fois-ci. L'album en question restait introuvable, malgré mes recherches acharnées, les yeux exorbités.
Il se tenait là, le bougre, le maitre des lieux. Pas le choix, je ne pouvais y arriver tout seul. Je m'avance doucement vers lui.
- "Shining ? Les suédois ? Vous trouverez pas ça chez moi, malheureusement."
La nouvelle est tombée. Implacable, comme irrémédiable. Mais pas sans explication.
- "J'ai un auteur qui vient de temps en temps pour m'acheter tous mes Shinings. Il écrit des polars. Des trucs malsains. Même que y a des meurtres dedans, et qu'il peut pas les écrire sans la musique de ce groupe pour l'inspirer"
L'image se plante en moi. La plume frappant la feuille. Je ne peux que l'imaginer, dressant ses desseins, retournant ses rares moments de lucidité face contre terre. Réagir aux pulsions, les bras ouverts. Ne pas se rendre fou, craignant l'acte meurtrier, se rappelant à la réalité.
Ouais, j'étais pas bien ce jour là. C'était peut être la chaleur, le cheveu sur la langue de mon interlocuteur, ou la verte qui me montait au cerveau...
Ou bien c'était ce riff qui me maltraite, mélangé à ces quelques notes de piano. Ce solo assassin, ou cette reprise dérangeante... C'était surtout la voix, celle de celui qui n'a plus rien à perdre, à part sa haine. La voix qui vous glace l'intérieur, pour vous rendre aussi fou que sa puissance.
Né perdant, Kvarforth l'est peut être. Perdre sa volonté de vivre pendant l'écoute, perdre sa colère juste après. Perdre quelque chose n'est pas toujours mauvais signe.
P.S. : Petit commentaire que j'avais laissé sur le meilleur site francophone dédié au metal, Nightfall in Metal Earth, dans un style différent.
Il fallait que je remonte la moyenne de ce chef d’œuvre... Pendant que les groupes de Death font leur course à la brutalité, et que les Blackeux jouent à qui sera le plus evil, Niklas, lui, se moque de ces modes et continue son chemin. Un chemin à part, où il marche en maître, et seul. L'ambiance est glauque, mais pas morbide. Elle est violente. Et par ça je veux dire qu'elle vous arrache les tripes de l'intérieur. Laissez vous berner par cette douce intro acoustique sur "Tiden Läker Inga Sar", le résultat sur le reste de la chanson ne sera que plus saisissant. Laissez vous bercer par cette voix stupéfiante, qui, en mélangeant tristesse et colère, s'allie à une production béton pour un résultant vivifiant. Car oui, "VII - Född Förlorare" nous rend vivant, contrairement à tous ceux qui prétendent le contraire. Au final, les sentiments, s'ils sont forts, nous donneront envie de vivre.