Début des années 80, le hard rock français est quasiment moribond et un seul groupe semble alors pouvoir rivaliser avec Trust : Warning, présenté comme LE challenger (alors que Shakin’Street est sur le point de jeter l’éponge).
Car Warning a sorti un excellent premier album, des plus prometteurs et dont les ventes ne sont pas négligeables pour du hard « made in France ».
« II » comme son nom l’indique est le deuxième album pour le groupe et on note déjà un changement de style ; en effet après un premier album très hard 70's Warning s'oriente vers du heavy métal 80's tendance Accept (et Warning a musicalement parlant un peu de mal à faire la transition !).
On sent que le groupe a été programmé pour sonner plus speed métal (genre alors en vogue) mais que ce n'est pas réellement sont créneau d'origine...et on sent Warning plus à l'aise sur les compos de l'album éponyme. Ici ça fonce quasiment du début à la fin mais c’est parfois chaotique, pas toujours bien maîtrisé.
Fini le côté lyrique et nostalgique du premier disque mais ce qui surprend le plus c'est le changement de timbre de voix, plus hurlée ici (Rapha quelque-soit le style demeure un très bon chanteur mais je le préfère sur le premier album, là la voix semble un peu forcée par moment et les compositions étant différentes elle perd en émotions, elle perd de sa superbe et son côté majestueux s'évapore. Et elle est même parfois limite.
Car le management du groupe a eu la fausse bonne idée de mettre le paquet et a décidé de choisir Dieter Dierks (Scorpions, Accept…) comme producteur.
Et effectivement on a ici une grosse production certes mais l'originalité et la particularité attachantes du premier album disparaissent inéluctablement.
Bien sûr certains titres tiennent la route : « Commando », « Rock city », (rien à dire ces deux morceaux arrachent bien) « Bahamas Memorial » et à un degré moindre « Fire fire » et « Planet Reverse ».
Ce Warning II n'est pas un échec loin de là mais on sait que Warning n'est pas dans son style de prédilection et peut mieux faire ; d'où une petite déception par rapport à Warning I qui avait beaucoup de charme, de finesse et de couleurs très 70s, avec de très bonnes compositions (« Goin' to USA », « Tel que tu l'imaginais », « Ciné regard »...).
L'apport de Dieter Dierks était censé booster Warning et faire passer un cap au groupe, afin d’avoir une visibilité internationale, suivant le modèle Accept. Malgré un succès (relatif), des divergences vont apparaître dans le groupe, notamment Rapha qui n'étant pas d'accord avec la nouvelle direction musicale finit par quitter Warning laissant Christophe Aubert (guitares) aux manettes mais le 3e LP « Métamorphose » va être une catastrophe et le groupe va définitivement arrêter ; encore un gâchis monumental (mais la liste est longue) pour le rock français avec un groupe qui comportait en son sein l'un des meilleurs chanteurs et l'un des meilleurs guitaristes du hard français mais qui lui aussi a fini dans le mur.