L’utopie est belle, très souvent attirante. Elle est encore plus mignonne quand elle est teintée de cette candeur assumée par Foxygen et leur Blue Mountain. Un endroit inaccessible, regretté ou se mêlent la joie de l’insouciance, de l’ignorance, bien loin de toute prétention. C’est avec presque regret que ces petits salauds nous quittent au bout des 5 minutes de ce chant si imagé. Salauds oui, de nous avoir presque mis des étoiles dans les yeux avec leurs métaphores d’adorables junkies. Les Foxygen sont les spécialistes de l’illusion, de notre chère poudre de perlimpinpin. De vrais politiciens vous dis-je, de sacrés faussaires, regardez moi ça, juste pour nous plaire ils nous resservent ce qui a marché dans les années 60, c’est pas de la politique ça, prendre ce qui a bien marché avant et vendre du rêve avec des souvenirs ? Tout ça bien sûr avec de belles promesses pour l’avenir toutes élégantes : “We Are The 21st Century Ambassadors Of Peace And Magic”, pour nous décevoir dès les années qui suivent de si belles paroles, ah ça devient beaucoup trop familier ces déceptions (je suis sûr que je touche un point sensible hihi …).
Le reste de l’album ? Haha, nos escrocs l’ont joué fine, ils nous ont traîné chez Scott MacKenzie à "San Francisco", le temps d’une amourette hippie regrettée. Et puis, que serait un politicien sans un slogan quasi-publicitaire qui colle en tête, contez sur Foxygen: “I left my love in San Francisco … That’s okay, I was born in L.A.”, cette ritournelle n’a l’air de rien mais ne quitte plus cette maudite caboche (… Jusqu’à, distraitement, la répéter à votre boss quand vous croyez dire une phrase bateau pour lui répondre …). Et puis on saupoudre le tout de légèreté, on donne à l’auditeur une sensation de liberté sur le tout beau “Oh Yeah”. Séduisant à souhait, bien propre sur lui même prêt à redorer une image en cas d’éventuel flop, “Oh Yeah” c’est le genre de botte secrète que tu sors à Gilles Bouleau quand tu te sens emmerdé par une de ses questions et que l’audience grimpe dangereusement. Et puis la dernière piste, ce “Oh No” te fait redécoller plus qu’atterrir, non, on n’a pas quitté Blue Mountain. Alors nous quittons nous même la montagne bleue, l’illusion de Foxygen, son théâtre d’images, pour revenir à notre petit train train si loin et proche à la fois. Prends en de la graine Thomas More, ton Utopie vient d’être parodiée avec l'élégance psychédélique qui lui sied. Merci aux Foxygen pour cette parenthèse de velours.

Bohort
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le 15 août 2018

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