(Chronique "La critique introspective, c'est pas pour les endives" n°2)
En 1978, Ted Nugent sort son cinquième album solo studio.
Il y déploie son hard-rock rigolard, pêchu, et un brun inoffensif.
La pochette est attrayante (pas celle présentée sur SC: on ne la devine que dans un petit carré) pour tout jeune pré-ado en quête de sensation, qui ne perçoit pas alors le douteux penchant que l'auteur du disque expose de manière graphique.
A l'été de la même année, âgé de 10 ans, je réussi grâce à ma fête à rassembler suffisamment d'argent pour me faire amener "à la ville" et entrer dans un magasin de disque pour assouvir ma passion naissante.
De retour à la maison, et alors que je monte en courant les marches qui me séparent de ma chambre pour écouter le résultat de mon emplette, ma grand-mère m'arrête, inspecte la dite-pochette, pour me faire cette réflexion qui a une valeur historique dans mon parcours personnel:
"tu ferais mieux de ne pas dépenser tout ton argent dans ces bêtises. Tu ne pourras pas acheter des disques toute ta vie."
Même si ce n'est pas cette simple réflexion qui a distillé en moi le venin de la musique, j'ai fiévreusement passé les trente-cinq années suivantes à lui donner tord.
(PS: Aujourd'hui, Nugent est un républicain invétéré fou de flingues et je ne garde en mémoire que ce morceau "Venom Soup", à l'insidieuse mélodie dévorante.)
(Les autres chroniques: http://www.senscritique.com/liste/La_critique_introspective_c_est_pas_pour_les_endives/69932)