À mon destin, désormais mon délice
Le moins que l'on puisse dire c'est que Tor-Helge Skei (MANES) et Anna Murphy (ELUVEITIE) n'ont pas eu froid aux yeux en annonçant leur projet comme un savant mélange entre Ulver et The 3rd and The Mortal... Des références qui ne manqueront pas d'interpeller les fans de ces groupes monuments de l'avant-garde et de l'expérimental, dont votre serviteur! Tout d'abord, de quelle alliance s'agit il?
Pour ceux qui ne connaisse pas Tor-Helge Skei, ce dernier n'est autre que le fondateur de MANES (avec Eivind Fjøseide, qui participe également à l'aventure LETHE), cet ancien groupe de black metal devenu une espèce d'entité indefinissable au même titre qu'Ulver lorsqu'il se mit à toucher à l'electro. Responsable, entre autre, de titre aussi incroyable qu'improbable que “Come to pass” (sur l'album “How the world came to an end”), mélange de drum & bass rapé, en partie, en... français. Anna Murphy, quant a elle est connue pour être joueuse de vielle à roue et chanteuse au sein du groupe de folk metal Eluveitie mais aussi chanteuse du peu connu et tout aussi atypique Nucleus Torn. Bref, deux personnalités sans complexe, avides d'expérimentations.
Je dois avouer que depuis que j'ai l'album, il y a un titre qui tourne en boucle chez moi. Le premier, “In motion”. Rien de bien avant-gardiste, bien au contraire, ce titre m'a renvoyé 15 ans en arrière lorsque je portais une affection toute particulière aux Cocteau Twins. Sur une musique éthérée, feutrée, vient se poser un motif de voix à répétition qui n'est pas sans rappeller justement la glossolalie onirique propre à Elizabeth Fraser. Le morceau se dessine peu à peu dans cette brume a renfort de guitares sous mixé et d'une ligne vocale de toute beauté d'Anna. Dans le même esprit heavenly, “Oblivion” est tout simplement envoutant et apaisant. “Haunted” le second titre se veut en revanche plus direct, avec son riff de guitare rock simple mais efficace et ses bidouillages electro qui rappelle “How To Measure A Planet? ” de The Gathering (une référence qui me revient souvent à l'écoute des 10 titres de “When dreams become nightmare”). Les machines sont en effet toujours exploité pour un rendu mélancolique, porté ensuite par la voix d'Anna (“Love pass filter”, le très beau “No reason”) mais aussi celle plus grave de Tor-Helge sur l'atmosphérique et hypnotique “You”, ou l'inquiétant “Ad Librum”.
Si“When dreams become nightmare” était sorti à la fin des 90's, il aurait effectivement pu être catalogué “expérimental”, ou pourquoi pas “avant garde” mais personnelement je n'y vois qu'un album moderne, héritié justement d'une candeur mélé de cette “noirceur” typique des 90's (Cocteau Twins, The Gathering, voire In The Woods). Un très bel album servi en plus d'une superbe cover signé Robert Høyem (MONOLITHE, SAHG, KAMPFAR).