Cela presque 20 ans que les "New Pornographers" existent et abreuvent le monde depuis Vancouver de chansons puissantes et aux mélodies régulièrement irrésistibles (soit la définition exacte du fameux "Power Pop", genre bâtard - entre rock dur et pop suave - dont on pourrait acter la naissance avec celle des géniaux Kinks, et qui ne devint brièvement "commercial" qu'au cours des années 80), ne suscitant malgré des critiques élogieuses que l'indifférence du public européen, et notamment français...). "Whiteout Conditions" est le septième album de ce groupe que les Canadiens qualifient de manière optimiste de "super-", du fait qu'il s'agit pour ses musiciens d'une occupation parallèle à leurs carrières individuelles, localement assez notables... Et l'on ne voit pas très bien ce qui pourrait ici créer un déclic suffisant pour changer la notoriété très réduite du groupe, hormis la... stupéfiante qualité de ses chansons. Avec le départ, regretté par certains pour le décalage qu'il créait par rapport à la folie joyeuse du groupe, de Dan Bejar, Carl Newman a ici les mains libres pour aligner ses compositions frénétiques, intenses, pour tout dire splendides (... qui dissimulent comme de bien entendu des textes légèrement dépressifs...). S'il faut trouver un défaut à "Whiteout Conditions", c'est indiscutablement la fatigue que peut faire naître l'enchaînement imparable de compositions pop débitées à 100 à l'heure, dans un maelstrom qui évoque aussi bien les gimmicks de synthés des années new wave que l'alchimie émotionnelle de leurs compatriotes d'Arcade Fire. La manière dont la production entremêle les voix masculines et féminines, dont celle de Neko Case (qui est moins dans cet album dans son registre romantique habituel), dans des harmonies parfaites touche parfois à la pure magie, et certaines chansons ont ici la force surnaturelle qu'on attribue en général aux grands classiques des années 60 : c'est dire le niveau où trône désormais ce groupe. Et c'est dire combien le fait que vous continuerez tous à ignorer leur existence est de plus en plus révoltant. [Critique écrite en 2017]

Créée

le 21 mai 2017

Critique lue 111 fois

2 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 111 fois

2

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

205 j'aime

152

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

192 j'aime

118

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

190 j'aime

25