Je n'ai jamais réussi à aimer Pink Floyd. Ce sont des génies, c'est vrai, leur talent est indéniable, et c'est sûrement un des groupes qui ont le plus apporté à la musique durant le dernier demi-siècle. Malgré, ou peut-être à cause de cela, quand j'écoute leurs albums, jamais je n'adhère totalement. On me parle de grandiose, j'entends de la prétention, on me parle de perfection, mais personne n'est parfait. Je suis le premier à admettre que c'est complètement con, mais c'est comme ça.
La seule exception, c'est cet album.
Wish You Were Here, c'est peut-être le seul album de Pink Floyd qui soit vraiment accueillant. La musique de Pink Floyd pour moi, c'est un peu comme un royaume dans les nuages, superbe, raffiné mais inaccessible. Cet album fournit le royaume dans les nuages ET l'escalier qui y mène.
C'est un album évident. Après le succès de Dark Side of the Moon, les Floyd n'ont plus rien à prouver et composent un album peut-être moins ambitieux mais, et c'est le mot, accueillant. Ils y contrôlent le temps, faisant durer chaque note le temps qu'il faut : on n'est pas pressés, après tout. Le résultat, c'est une ambiance unique, impulsée par le chef d’œuvre Shine on You Crazy Diamond qui encadre l'album, mais où chaque morceau à son influence, tantôt futuriste, un peu inquiétante ou encore nostalgique.
Le résultat, c'est un album aérien comme jamais. Un album où chaque note est parfaite. Les géants se baissent vers nous, pauvres mortels, pour nous adresser un sourire d'un blanc éclatant.
Le blanc, la lumière d'ailleurs, si présents sur la pochette, dominent l'album. On est littéralement submergé par des vagues apaisantes. Les notes de guitare, de piano nous éblouissent, les voix apaisantes et les synthés anesthésiants viennent chasser la colère, l'anxiété, c'est un album aussi thérapeutique pour l'auditeur que pour le groupe à cette époque... Il me semble impossible de détester cet album, à moins peut-être d'être un seigneur Sith, tellement il est lumineux.
C'est un véritable chef d’œuvre que ce Wish You Were Here, tout en légèreté et en lumière, un album auquel je retourne régulièrement avec plaisir. Et pourtant, pourtant je ne peux pas lui mettre 10. Parce que lui mettre 10, ça serait reconnaître la victoire de Pink Floyd. Peut-être que je suis passé irrémédiablement du côté obscur (de la lune), finalement.