Folk de cinéphiles
Peu importe où Sufjan Stevens trouve son inspiration, que cela soit dans le deuil, les États américains, des chants de Noël, le système solaire, une séance de yoga ou une collaboration avec d'autres...
le 20 janv. 2022
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Peu importe où Sufjan Stevens trouve son inspiration, que cela soit dans le deuil, les États américains, des chants de Noël, le système solaire, une séance de yoga ou une collaboration avec d'autres musiciens, le résultat sera au moins intéressant et au mieux grandiose.
Retournant vers sa folk rêveuse, fantaisiste et lumineuse après les expérimentations électroniques lourdes du parfois cauchemardesque et souvent bordélique The Ascension et le projet de musique ambient en 5 volumes Convocations, le musicien originaire du Michigan embarque cette fois-ci son protégé Angelo De Augustine avec lui. Une collaboration qui apparaît comme une évidence à l'écoute de A Beginner's Mind, le disque qui est né de l'union entre le professeur et son élève.
Si sur The Ascension Stevens se positionnait comme un homme désabusé face au monde dystopique qui l'entoure, A Beginner's Mind voit les deux acolytes retrouver un sentiment d'émerveillement pour la vie en la regardant à travers le prisme de films cultes très variés, des Ailes du désir de Wim Wenders au troisième épisode de la saga d'horreur Hellraiser en passant par le sequel du teen movie Bring It On et le classique de Spike Lee She's Gotta Have It.
Évitant de tomber dans le jeu de la devinette, Sufjan Stevens et Angelo De Augustine utilisent leurs sources d'inspiration cinématographiques pour en insuffler le langage et l'approche filmique dans leurs textes et leur musique. C'est aussi l'occasion pour les musiciens de jouer avec un imaginaire pop qui ajoute une touche d'humour à l'album même lorsque Stevens et De Augustine chantent des paroles teintées de mélancolie ou de fatalité ("I just want you to love me/I just wanted to change myself/Fix it all, Jonathan Demme"). Les univers de ces différents films deviennent alors des échappatoires fantaisistes ("Back to Oz", "Olympus") ou une façon de faire écho à des sentiments et préoccupations personnels ("(This Is) The Thing", "Lost in the World").
Angelo De Augustine s'était avec son premier album Tomb placé comme un héritier direct de la musique mélangeant le folklorique et l'onirique de Sufjan Stevens. L'alchimie entre les deux musiciens fonctionne à merveille sur A Beginner's Mind : leurs univers se complètent et leurs voix fusent ensemble dans une harmonie parfaite, au point où il est parfois difficile de distinguer un chanteur de l'autre.
Cela faisait longtemps que la musique de Sufjan Stevens que n'avait pas été le véhicule d'un tel sentiment de sérénité, d'apaisement et d'émerveillement et A Beginner's Mind semble rappeler à quel point l'artiste américain excelle lorsqu'il conjugue sa folk spirituelle avec une poésie qui trouve sa source dans des choses étonnantes et décalées ou un détail traduisant une émotion indicible.
Un album à deux voix qui prend la forme d'une merveilleuse escapade musicale d'une douceur inimitable.
Score : 8.2
Key tracks : "Olympus", "You Give Death A Bad Name", "(This Is) The Thing"
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Créée
le 20 janv. 2022
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