Il y a ce sentiment d'avoir tout vu, tout entendu, d'avoir fait le tour de ce qui existe et de ce qui a déjà été fait sur la planète rock en général, que la curiosité s'en trouverait altérée au bout d'une multitude d'années traversées pour un mélomane qui se serait imaginé infatigable.
Mais la flamme rock ne s'éteint pas aussi facilement par l'éteignoir de la lassitude et c'est fort heureux dès qu'une nouvelle vague arrive, inspirée des précédentes sans obligatoirement les copier. On entend souvent la comparaison du groupe, ici Fontaines D.C., avec Joy Division, ce qui, à force, pourrait rendre narquois devant des éplorements exagérés de fans transis de mélancolie.
A Hero's Death a fait effet grâce à "Love Is The Main Thing", avec ce chant descendant vers les tons graves (comme dans "Living In America" également), idéal à écouter la nuit chez soi ou en voiture. Par la suite, l'atmosphère que dégage ce deuxième album des Dublinois devient progressivement prenante. Elle vous enveloppe. Bien sûr, on n'évite pas de penser à d'autres groupes comme Ride souvent avec l'album Nowhere, avec ses nappes suspendues des guitares hanteuses et électrisantes. La voix de Grian Chatten, que ce dernier module dans les différents morceaux (on peut penser à Lee Ranaldo ou Liam Gallagher par ailleurs dans des tonalités ou des façons de chanter), en est également de sa part.
Entre les deux ondées énervées que sont "A Lucid Dream" et "A Hero's Death" se trouvent les deux remarquables ballades, "You Said" et "Oh Such A Spring".
Tout en électricité, variant les atmosphères grondantes et planantes, révélant une certaine richesse derrière son impression d'être monocorde ou monotone en première écoute, A Hero's Death s'annonce comme l'un des albums rock indispensables de cette année 2020 d'abord et peut-être, sans trop vouloir s'avancer, pour les années à venir.