La surprise que l'on n'attendait plus
Il est si simple aujourd’hui d’écrire une review sur le plus récent album de Jennifer Lopez que les rédactions ne s’embêtent même pas à y coller le meilleur de leur stagiaire. Il suffit d’ouvrir le placard à archives, chercher tous les synonymes du mot « faible » dans le dictionnaire et commencer à rédiger une critique qui se veut « acerbe ». C’est même à se demander si les rédacteurs, qui prennent un malin plaisir à faire glisser sur leur plume bilieuse, ont pris le temps d’écouter l’album. Que nenni ! Taper sur la cible facile qu’est J-Lo est devenu un sport international dans lequel les journalistes (Américains en tête) excellent. La dernière saillie générale en date : la prestation jugée catastrophique de J-Lo, Pitbull et Claudia Leite en ouverture de la Coupe du monde 2014 sur le titre We Are One.
Mais laissons cela de côté et prenons trois minutes de totale objectivité pour décrypter l’album A.K.A. de la star de 44 ans. A peine 24 heures après la sortie de ce huitième opus, le site spécialisé Metacritic recense déjà 8 reviews pour une note moyenne de 48/100. Autant dire, un très mauvais départ pour celle qui s’est donnée autant de mal à remonter la pente depuis trois ans, date à laquelle elle signe son retour avec le tube planétaire On The Floor.
rs-600x600-140505062317-600-jennifer-lopez-aka-jr-5514-copy-1402935534Il faut tout de même relever une chose pour comprendre la situation : Jennifer Lopez a effrontément trahi une partie de son public en délaissant ses sons hip-hop, R&B depuis quelques années. Son dernier fait d’arme dans ce style musical remonte à l’année 2008 quand elle propose son album Brave, alors véritable flop (environ 500.000 copies écoulées). Enceinte de ses jumeaux, la chanteuse n’avait fait pratiquement aucune promotion et était donc passée entre les mailles du filet médiatique. Quand elle enchaîne avec son premier effort dans sa langue natale, Como Ama Una Mujer et son opus-renaissance Love ?, elle semble définitivement avoir abandonné ses origines urbaines. Signe d’une femme qui s’est épanouie ? On aurait pu croire si elle n’avait pas délaissé son style d’antan pour…la dance. Cédant à son tour aux sirènes guettaesques (sans jamais réellement collaboré avec notre DJ préféré), elle perd également une partie de ses fans pour entrer dans le grand bain le plus commercial qu’elle n’ait jamais pris.
Voilà pourquoi son A.K.A. sorti ce mardi 17 juin, apparaît comme une sorte de retour aux sources. De multiples collaborations avec des rappeurs tels T.I., la très efficace Iggy Azalea et son acolyte Pitbull donnent le ton de ce huitième album à nouveau produit par un Red One qui a décidé d’opérer un nouveau tournant. Quand le site britannique The Guardian écrit que « Quiconque ayant écouté Love ? ne trouvera rien de nouveau » dans A.K.A. est au choix de la pure mauvaise foi ou le signe que ce cher Phil Mongrédien n’a pas ou peu écouté le disque. Il est impossible de faire un quelconque lien entre le très faible Love ? et le revigorant A.K.A. Que l’on n’apprécie pas J-Lo pour sa personnalité ou sa « voix fluette » comme l’avoue sans scrupule Slant Magazine, est une chose, faire un constat honnête et objectif du produit sur lequel on s’exprime en est une autre.
Accordons tout de même à Entertainment Weekly d’avoir relevé que « les paroles sont faibles ». Mais ce n’est un scoop pour personne, la plupart des chansons de Jennifer Lopez n’ont jamais eu pour objectif d’atteindre une beauté ronsardienne.
Concrètement, A.K.A. est une belle surprise pour les fans de la première heure comme de la seconde heure d’une J-Lo qui a eu l’intelligence de combiner les tonalités qui faisaient ses beaux jours au début des années 2000 tout en gardant le côté dancefloor qui lui garantit une certaine rentabilité (parc e qu’il ne faut pas se leurrer non plus). Le trio Emotions-So Good et Let It Be Me prouve deux choses essentielles sur la carrière de Jennifer Lopez : elle ne possède peut-être pas huit octaves mais elle a une jolie voix, et surtout, elle s’en sort très bien toute seule. Peut-être même mieux. En même temps, ce n’est pas étonnant venant d’une buisiness-woman accomplie, une mère célibataire et une femme qui a toujours su résister aux critiques les plus bilieuses. Comment ne pas admire cela ?
Qu’attendent réellement les critiques de la part de J-Lo ? Qu’elle refasse le genre de musique qui a fait ses beaux jours ? C’est fait. Qu’elle arrête sa carrière ? Ils peuvent compter là-dessus. Allez, laissez une nouvelle chance à Miss Lopez.
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