A Letter Home
5.2
A Letter Home

Album de Neil Young (2014)

Avec Neil Young je pensais être coincé sur Harvest à vie, j’ai beau avoir tenté Zuma désolé, je n’ai pas beaucoup aimé. Je reconnais néanmoins le génie musical incontestable du bonhomme, un sens de la mélodie unique, de la complainte qu’on entonne dans les grandes plaines, alors qu’une brise légère vient caresser le soleil couchant. Il reste encore aujourd’hui le pape de la country-folk made in United States Of America, cette musique typée tellement dépaysante et pourtant d’une folle intimité.

Après lecture de certaines critiques bien dégueulasses, j’ai acquis la conviction que cet album certes très conceptuel, a permis à quelques-uns de se farcir à moindre frais une vache sacrée, ou comment foutre un pied au derrière d’un géant sans qu’il puisse avoir à y redire. Je leur reconnais juste le risque assez énorme qu’a pris Neil en décidant d’un enregistrement directement en vinyle dans les conditions des années quarante. Quand on élimine la mauvaise foi, il faut reconnaître que le grain, le crépitement, le craquement que procure le procédé ajoute encore à cette étonnante intimité qui domine depuis toujours sa musique. J’ai eu cette très plaisante sensation que Neil venait susurrer directement ses chansons dans le creux de mon oreille, comme s’il n’était là que pour moi. Seul handicap, pousser un peu le volume rend vite l’album inaudible mais comme écrit ci-dessus, on est dans l’intimité et celle-ci exige une écoute en douceur.

Autre atout, et pas des moindres, pour moi qui suis un monomaniaque de Harvest, les chansons, à peu près toutes superbes, sont dans la droite ligne de Harvest justement. Mélodies douces-amères, complaintes emplies d’une tendresse qui vient émouvoir au détour d’une ligne de notes. J’en suis ressorti rassuré d’enfin pouvoir aimer un autre album de cet immense artiste. C’est d’une infinie douceur et d’une belle mélancolie.

Le secret d’ A Letter Home sera pour vous, « auditeurs sachant auditer », d’accepter le concept choisit pat l’artiste, de ne pas y voir comme certains des chansons de poivrots. Je sais c’est consternant (en un seul mot…), mais ça a été écrit. Neil Young est un artiste immense et ils sont peu, comme lui, à pouvoir faire exactement ce qui leur plait et à l’imposer à leur maison de disque. Preuve, s’il en fallait, que le talent additionné au succès, offre une liberté artistique presque absolue.
Jambalaya
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le 20 mai 2014

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Jambalaya

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