En 2019, lorsque l’on a écouté le troisième album solo de Thom Yorke, on s’est dit que la partie était encore loin d’être terminée pour le chanteur de Radiohead. Avec Anima, il nous prouvait qu’il était revenu à son meilleur niveau et que la vie en dehors du groupe donnait des choses tout aussi, voire plus, intéressantes. Encore une fois, Yorke était capable de nous surprendre, et de nous donner des émotions fortes avec des chansons toujours ambitieuses, produites avec l’éternelle complicité de Nigel Godrich.
Trois ans après Anima, on retrouve l’homme à la paupière bloquée cette fois en trio avec Jonny Greenwood, son complice guitariste de Radiohead et avec Tom Skinner, le batteur de l’ébouriffant groupe de jazz Sons Of Kemet. Alors que l’on s’attendait peut-être à quelque chose d’assez expérimental, connaissant les trois gaillards, on est finalement assez surpris de découvrir un album relativement sage dans lequel on a le plaisir de retrouver tout ce que l’on aime ou presque chez Thom Yorke, en groupe ou en solo, présentant ici un album extrêmement dense, varié et fourmillant d’idées… ce genre de disque dont vous n’aurez pas fini de faire le tout après trois écoutes.
The Same, avec sa montée progressive de notes de synthés, constitue une entrée en matière parfaite avant d’enchainer sur The Opposite, un titre très différent, au groove hypnotique, avec un gimmick basse-batterie -guitare bien trippant qui aurait pu figurer sur Kid A. Nettement plus rock, You Will Never Work In Television Again nous revoie à la période guitare de Radiohead. Retour au calme avec Pana-vision qui démarre piano-voix avant que la basse fasse son entrée. Là, on se croirait revenu à OK Computer. The Smoke surprend plus avec sa ligne de bass funky bien épaisse avec laquelle la voix de Thom Yorke s’accorde merveilleusement. Un titre que l’on penserait presque échappé d’une BO de film de Tarantino. Thin Thing dévoile un groove léger avant de s’offrir une dérive rock psychédélique juste avant le tourbillonnant A Hairdryer. On termine sur le plus classique We Don’t Know What Tomorrow Brings…
Tout ça entrecoupé de magnifiques ballades (Speech Bubbles, Open the Floodgates, Waving a White Flag Free In The Knowledge) aux sonorités organiques, entre guitares, piano et cordes. Des compositions dans lesquelles la voix du chanteur ne force jamais, n’essaie jamais de s’imposer, bien au contraire, se mettant au diapason des superbes mélodies qui parsèment tous ces titres.
Au final, c’est une très belle surprise que ce projet en trio avec un album qui nous ramène souvent à Radiohead à tel point que l’on a véritablement l’impression d’écouter un nouvel album du groupe. Personne ne s’en plaindra d’autant que leur musique semble ici débarrassée des tics qui nous avaient agacé sur les dernières productions du groupe. Mieux, on trouve sur A Light for Attracting Attention, quelques nouvelles idées dont ces passages funk 70’s qui viennent relever un ensemble d’une beauté et d’une diversité remarquable.
https://www.benzinemag.net/2022/05/13/the-smile-a-light-for-attracting-attention-le-trio-gagnant/