Ne rien attendre
Si Thom Yorke et Johnny Greenwood on décidé de créer un nouveau groupe au lieu de simplement réutiliser le nom de Radiohead, c'est pour une raison qui me paraît des plus simple. L'attente. Tout le monde attend un album de Radiohead, tout le monde le veut, tout le monde souhaite un retour de ce groupe mythique qui remplit des stades en quelques minutes. Mais personne n'attend The Smile, à part ceux qui ont repérés la petite entourlouperie. Les gens qui écoutent Radiohead se divisent en deux catégories: ceux qui connaissent les tubes, classiques, et les autres, ceux qui sont allés jusqu'a écouter la reprise de Wonderwall par Thom Yorke (oui ça existe et c'est une bonne parodie https://www.youtube.com/watch?v=jLS-lAzTl2w), ou même la version blague de Creep sortie en 2021 (qui est juste qu'un gros molar à la gueule de ceux qui le réduisent à ça). Mais The Smile ? Non. Personne ne connaît The Smile. Ils peuvent donc faire ce qu'ils veulent avec The Smile, puisqu'ils sont libre de faire ce qu'ils veulent. Et s'ils veulent refaire la même chose ? Ils referront la même chose, grand bien leur en face.
Refaire la même chose.
Qu'on ne se méprenne pas, comme l'a dit notre cher Laughing Stock : "Il est très chouette le nouvel album de Radiohead... oups". Oui, oups, comme vous dite. Parce que The Smile, c'est quand même étrangement similaire mais aussi totalement différent à Radiohead. Similaire par le chant, les thèmes, les progressions d'accords, mais totalement différents pour deux choses: la première c'est qu'on à retiré la pluspart des synthés de Thom Yorke, on lui laisse faire mumuse sur le premier morceau, et puis les 13 autres on les laisses à Johnny, qui sait encore utiliser des instruments accoustiques. Puis, on retire la boite à rythme de Thom Yorke, qui à oublié qu'il avait un batteur dans Radiohead, pour mettre cette fois-ci Skinner, qui lui groove comme pas possible. Parce que oui, The Smile groove, avec des détails de sons parfois subtiles mais qui donnent un corps à la musique, le travail sur la réverbération que ce soit dans la voix de Thom Yorke, dans la caisse claire sur The Smoke, ce travail présent dans Thin Thing et son délire apocalyptique final, A Hairdryer et son final d'une mythe suspendu dans le temps, comme si les cordes étaient étirées pour nous faire admirer ces "belles lumières" (que j'entendais toujours comme "beaux mensonges", lights et lies étant assez proche phonétiquement).
Refaire l'opposé.
A l'Instar du dyptique introductif, l'album fait à la fois la part belle à cette dualité présente chez Radiohead, le monde très organique de Greenwood (qui porte bien son nom) et celui très froid et électronique de Thom Yorke. Et parfois c'est l'inverse qui se produit, Yorke nous glace le sang avec un piano magistral, et Greenwood nous hypnotise avec des cordes parfaites (Pana-Vision est sublime, et ceux qui ont vus cette scène dans Peaky Blindes savent à quelle point ce morceau fige un instant). Finalement, j'ai l'impression que chaque morceau est à sa place, cohérent et parfaitement exécuté, tout en gardant une certaine chaleur qui manquait pour moi à In Rainbows ou les travaux solo de Thom Yorke (encore une fois ce travail sur la révérbération y est pour beaucoup, écoutez attentivement Speech Bubbles, magnifique). Puis il y a la synchronicité des deux univers avec Open the Floodgates. Le seul reproche que je pourrais faire à l'album c'est parfois son absence de prise de risque, Greenwood fait du Greenwood, et les deux autres membres pareil, même si je ne peux qu'observer une parfaite cohérence. Parfois un peu plus de prises de risques dans les sonorités aurait été souhaitable, parce que là tout est beau, mais pas "sublime", tout est très lissé en fin de compte, rien n'est surprenant, et c'est dommage, a part ça j'attends la suite avec impatience!