Je pense qu'il existe des albums qui sont faits pour être écoutés à un moment particulier, de la journée, de la vie, de la saison... J'ai toujours eu une certaine forme de tendresse pour les albums mélancoliques, je les écoute dans le train, voyant le paysage défiler petit a petit, l'aube se levant au cours de mon voyage, les villes se réveillant doucement, les campagnes avec leur rosée encore givrée du matin qui fond doucement, où un soleil submergé de nuages parvient tout de même à caresser nos visages de ses rayons... Et la bande son de ce film poétique vient ajouter encore plus de tendresse encore, au hasard des morceaux, mais toujours avec une grande cohérence...
Ce sont ces petits plaisirs qui nous font tenir au quotidien, où les jours se ressemblent, le trajet reste le même, mais la bande son elle, change tout les jours, en fonction du temps, de la saison... Alors parfois on y revient, comme lorsque l'on remettait le même film une fois, deux fois, trois fois lorsque l'on était petit. Et l'on ne s'en lassait jamais, une joie enfantine nous submergeait, nous faisait frissonner. Dans une vie d'adulte, ces moments sont rares, presque inexistants. Nous n'avons plus le temps d'apprécier cette rosée, ce lever de soleil, ce passage sublime de l'hiver au printemps, où l'espoir de jours meilleurs renaît en même temps que les feuilles des arbres...
Et parfois... Parfois on veut que ce trajet dure éternellement, que cette musique soit infinie, que l'on continue de s'extasier sur les mêmes choses, au même moment, sans jamais s'en lasser, un solstice perpétuel dans une aube qui l'est tout autant, où l'on reste figé dans cette boule à neige que l'on secoue de notre plein gré, et que la chaleur de ces rayons de soleil transperce les vitres a travers lesquelles nous les observons, réchauffant notre corps un peu plus, et que l'on se dise que l'on aimerait que cette sensation dure indéfiniment. Alors on l'a rejoue, du jour au lendemain, encore et encore, jusqu'à ce que la saison ne s'y prête plus. Et alors on se dit "vivement l'année prochaine"...