L'histoire secrète de San Francisco.
Quand Bob Dylan incendie le folk sur le bûcher de sa musique à Newport (http://www.eyeneer.com/video/rock/bob-dylan/maggies-farmlike-a-rolling-stone), c'est Mike Bloomfield qui tient le lance-flammes (à savoir la machine à solos qui faisait mal aux oreilles du père de Pete Seeger : http://en.wikipedia.org/wiki/Electric_Dylan_controversy#Reasons_for_the_crowd.27s_reaction).
Tout ça pour dire que Bloomfield est un homme de révolutions.
Donc quand tout le monde saute sur San Francisco, le Haight, les love-ins et les hippies en général, Bloomfield y croit dur comme fer, et décide de monter un groupe qui soit le visage du changement.
Donc, Electric Flag est un "groupe de musique américain", qui joue de la "musique américaine", ce qui ferait penser, aujourd'hui, à une congrégation de rednecks à deux doigts du Tea Party.
Mais en ce temps, son idée était un groupe interracial, dont la musique est issue des métissages soul/R&B/rock/blues.
C'est un joyeux bordel.
Des cuivres qui claquent, des cordes qui enrobent, la guitare incisive de Bloomfield toujours présente, discrète ou tonitruante, et des numéros qui vont du blues réimaginé ("Killing Floor", "Wine") à la tentative de single pop ("Over-Lovin' You"). C'est généralement exceptionnel, mais le maximalisme n'est pas forcément au goût de tout le monde (c'est, à mon sens, le principal défaut de l'album). Ce qui est assez fantastique, c'est la croyance profonde qu'a Bloomfield, et les autres membres du groupe (Nick Gravenites, Herbie Rich, BUDDY MILES, qui émerge magnifiquement ici) dans leur mélange foutraque de musiques, dans la pensée profonde que le monde est à l'aube d'un changement drastique (de l'âge du Verseau, si on veut être en phase avec l'opinion politico-astrologique).
Mais ne croyez aucun de mes propos incohérents. Regardez juste Bloomfield et tous les autres perdre leurs mots devant la foule à Monterey, où ils furent des dieux sans lendemains : https://www.youtube.com/watch?v=KRWgtYtrrj8