Ah merde, David Gilmour, là, pour le coup t’as merdé ! Bon, c’est pas catastrophique, n’empêche, t’as merdé. C’est couillon quand même, je me faisais une joie à l’idée d’écouter cet album des Pink Floyd, ou plutôt dirai-je « ton » album de Pink Floyd. Roger Waters s’étant barré après « son » Final Cut, ça paraissait plutôt logique que tu t’imposes pour la suite. N’empêche, David… t’as merdé.
En même temps, ça n’a pas dû être de tout repos. Entre le procès de Roger pour que tu puisses garder le nom des Pink Floyd avec Nick Mason (et Rick Wright qui faisait son come-back inexorable dans le groupe), et toutes les complications dû à ces scissions au sein du groupe, je vais te dire, faire un album rien que pour emmerder Roger (j’imagine qu’il a dû se marrer en écoutant le résultat), c’était pas la meilleure des idées.
Alors bon, nous y voilà, j’ai enfin écouté A Momentarly Lapse Of Reason, l’un des albums les moins appréciés des Pink Floyd. Bah moi aussi j’ai trouvé ça chiant (et pourtant, j’aime beaucoup Division Bell).
Donc David, qu’est-ce qui manque à ton album ? Sans doute la présence de Roger. C’est vrai qu’après Animals, The Wall et Final Cut qui sentaient fort l’audace, la désinvolture et étaient très dénonciateurs (du Roger tout craché), sortir un album lisse comme A Momentary Lapse of Reason, ça a de quoi refroidir les fans. Surtout quand tu nous sors une intro « Sign Of Life » avec des bruitages de foret. L’eau qui coule dans les rivières, les animaux qui font du bruit, mais y a un p’tit problème… c’est que c’est chiant ! Je ne suis pas de ceux qui disent que sans Roger, ce n’est pas du Pink Floyd, n’empêche qu’après son départ, la qualité des albums du groupe en a pris un sacré coup !
Et puis après, y a Learning To Fly. Pas forcément l’un des meilleurs morceaux du groupe, mais ça reste entraînant et plutôt sympa. Ça casse pas trois pattes à un canard, mais j’aime bien. Et après, je t’ai totalement perdu David. Que s’est-il passé ? Dogs Of War est à mi-chemin entre électro et rock alternatif. Pas vraiment ce qu’on attend d’un Pink Floyd. Une tentative de renouveau ? T’as beau gueuler comme pas possible, je trouve ça assez ridicule à vrai dire. One Slip est un peu dans le même style, mais tient la route. Ce n’est pas marquant, mais on ne s’ennuie pas.
Et d’un coup tu me balance un On The Turning Away et j’ai repris espoir. La vache (d’Atome Heart Mother LOL) ! Bon, le chant n’avait rien de bien dingue, mais bordel, quel solo ! J’en avais pas entendu des aussi bons depuis un p’tit bout de temps. On retrouve ton style, on retrouve cette émotion qui parcours chacune de tes notes, Mason est derrière et tambourine sa batterie, il s’éclate ! Les chœurs sont là pour amplifier l’émotion, et toi David, tu es à ton sommet ! Tu étais magnifique, j’en avais presque les larmes aux yeux tellement ce morceau était dingue !
Les notes s’estompent, On The Turning Away prend fin, et je retourne dans l’enfer de l’ennui. Bordel David, c’est à ce moment-là que j’ai compris que ton album, c’était des montagnes russes. On enchaîne des moments intenses dignes des plus grands albums des Pink Floyd (bordel, On The Turning Away je m’en remet toujours pas), pour enchaîner sur un truc difforme et ennuyeux. Comme le titre suivant, Yet Another Movie. Mais qu’est-ce donc ? L’intro ne veut rien dire, les chants ne sont aucunement entraînants et tu sembles toi-même gêné de chanter. On aurait l’impression que tu ne sais pas ce que tu fais.
Yet Another Movie était long et chiant, et d’un coup, t’enchaîne sur un A New Machine (part 1), d’une durée assez courte de moins de deux minutes. Et là, je ne te comprends pas. Tu gueule un truc toutes les cinq secondes, et entre deux, rien, du vide. Cette chanson est vide, y a rien.
Terminal Frost est chiant. Tu tentes de faire quelque chose avec un saxophone, avec ta guitare, Nick est toujours derrière en train de s’éclater sur sa batterie, mais on n’y croit pas. En fait, c’est chiant, trop de répétition, trop longtemps la même chose, la même mélodie se répète pendant six minutes. D’ailleurs, j’en profite pour dire que la majeure partie des chansons se finissent en fondu sonore, pourquoi pas. A ce moment-là, tu ne laisses pas un vide de quinze secondes entre chaque morceau. Sans déconner, j’ai l’impression que le montage est bâclé !
Et là, tu reviens avec (encore) A New Machine part 2. C’est encore la même chose, tu gueule un truc, cinq secondes sans aucun instrument, sans note, puis tu regueule, etc… ça dure même pas quarante-cinq secondes, bref, du vide (sérieux David, pourquoi t’as fait ça ?).
En fait, sur une cinquantaine de minutes d’album, il doit bien avoir trois minutes de vide total, mais genre, sans rien. C’est en tout cas l’impression que j’ai. Avec tes fondus sonores et tes A New Machine, y a des quoi se poser des questions.
Mais bon, il fallait bien finir l’album sur un bon morceau, après tout, c’est ce qu’il faut non. Et là encore, tu me surprends David. Sorrow est excellent ! Bien que l’intro soit assez longue et plutôt dispensable, c’est ce qu’il fallait pour conclure ton album. Tu prouves que tu peux composer sans Roger, que tu peux faire des choses dignes du Pink Floyd originel, c’est juste con que ça soit rare.
Cependant, force est de constater que ton album est clairement vide. Ça me rappelle ces chanteurs qui passent à la radio, tu entends un seul de leur titre qui est vachement cool, tu achètes l’album et tu te rends compte qu’il n’y a aucun morceau intéressant hormis celui que tu as déjà entendus cent fois déjà à la radio. Bah voilà, c’est ça, A Momentary Lapse Of Reason. Deux ou trois morceaux assez sympas à l’écoute (voir même excellents), mais le reste ne tient pas la route. Et a vrai dire, je ne t’en veux pas David. Les conditions dans lesquelles cet album a vu le jour étaient chaotiques, tu n’avais ni Roger, ni Rick pour t’épauler, et je pense que Nick avait autre chose à foutre (genre, le 24h du Mans puisqu’il y a participé plusieurs fois). Tu as porté ce projet sur tes épaules, tu l’as mené au bout, seul, et même si l’album est maladroit, aucunement marquant, c’est pardonnable. J’en reviens à penser que ça aurait un miracle que l’album soit à la hauteur.
Tu disais Nick et Rick catatoniques, manquant d’entraînement et tu as voulu tout faire tout seul, et tu t’es condamné toi-même. Tu as tenté de t’éloigner du style de Roger pour ne pas trop plagier sans trop t’en éloigner pour ne pas perdre le public. Tu as voulu revenir à un équilibre entre la douceur de tes notes et l’agressivité de Roger (ce qui avait fait le succès de Dark Side), mais tu t’es perdu. Tu auras au moins le mérite de n’être pas tombé dans le piège du concept album, ce qui aurait été une erreur fatale car admettons-le, sans Roger pour tenir la barre, ça se serait cassé la gueule (et toi-même tu l’as dit, les paroles ne sont vraiment pas ton fort, et ça se voit). En bref David, t’as merdé, mais on ne t’en veut pas.
Alors voilà, A Momentary Lapse Of Reason, on oublie. D’accord ? J’écouterai de temps en temps On The Turning Away parce que c’était vraiment de la balle, mais oublions cet album. Faisons comme ça et tout ira pour le mieux. Je t’aime David.

Créée

le 20 nov. 2022

Modifiée

le 18 nov. 2017

Critique lue 914 fois

5 j'aime

15 commentaires

James-Betaman

Écrit par

Critique lue 914 fois

5
15

D'autres avis sur A Momentary Lapse of Reason

A Momentary Lapse of Reason
Blank_Frank
8

Le Rêve de la Raison, ou comment j'ai appris à aimer Pink Floyd

Printemps 2012 J'ai quinze ans, bientôt seize. Je suis en seconde, dans une classe plutôt branchée arts. Moi je suis en option cinéma, mais ça ne me m'empêche pas de trainer avec des gens en option...

le 2 nov. 2020

10 j'aime

5

A Momentary Lapse of Reason
noireau299
7

Un retour presque inespéré

A Momentary Lapse of Reason, c'est le départ de Roger Waters, le début de son procès infâme et le retour de Richard Wright, viré quelques mois plus tôt du groupe. C'est suite à toute ces entourloupes...

le 20 mai 2018

7 j'aime

1

A Momentary Lapse of Reason
James-Betaman
4

Lettre à David Gilmour

Ah merde, David Gilmour, là, pour le coup t’as merdé ! Bon, c’est pas catastrophique, n’empêche, t’as merdé. C’est couillon quand même, je me faisais une joie à l’idée d’écouter cet album des Pink...

le 20 nov. 2022

5 j'aime

15

Du même critique

Coupez !
James-Betaman
4

Tout l'art d'être critique (ou pas)

Le principe même de ce remake avait de quoi intriguer. Ce n’était pas une première pour Michel Hazanavicius de se réapproprier une œuvre filmique afin de lui insuffler un vent de modernité (et son...

le 29 janv. 2023

57 j'aime

28

After - Chapitre 1
James-Betaman
1

Le digne successeur de 50 Nuance de Grey... On pouvait pas espérer mieux

Hier soir, je me suis couché en me disant que la nuit porterait conseil pour ma critique d'After. Tu parle ! J'ai passé la nuit à cogiter dans ma tête, cherchant un truc bien à dire sur ce...

le 18 avr. 2019

52 j'aime

12

The Kissing Booth
James-Betaman
1

La pire représentation de la jeunesse que j'ai pu voir dans un film

J'ai eu une discussion avec un ami sur beaucoup de choses, notamment sur la société et les jeunes. Cet ami, qu'on va appeler Jack, parce que ça sonne bien, m'avait livré ce qu'il considère comme...

le 15 août 2018

46 j'aime

15