Le post-rock étant un genre que j'ai longtemps abandonné au profit du jazz et de ses multiples dérivés, notamment, retrouver des sons et atmosphères comme ceux qui se dégagent de cet album n'était pas pour me déplaire.


Et ce que l'on peut dire, c'est que le trio anglais Esben and the Witch présente une véritable personnalité, chose que l'on peut ressentir dès la vue de la très envoûtante pochette d'album, qui m'a d'ailleurs poussé à me plonger dans l'écoute.


Les ambiances opaques alternent entre noirceur et grisaille. Les accalmies douces mais toujours nuageuses succèdent à des moments d'inquiétude durant lesquels le vent souffle, se faufilant entre les hauts arbres d'une forêt peu accueillante que l'on traverse non sans embûches. Rares sont donc les accords majeurs. La batterie prend une place importante dans l'oeuvre, et se démarque réellement contrairement à certaines autres œuvres du même genre, créant de réels moments de tension à coup de grosses caisses ou de percussions, emportant dans le sillage de ses cymbales la guitare et la basse, dans lesquelles on peut ressentir une réelle maîtrise du style. Enveloppés dans des effets de reverb et/ou de distortion prononcés ou non, elles constituent une véritable pierre angulaire dans l'oeuvre. Le tout anime avec brio des compositions marquées par des paroles sombres émanant des cordes vocales de Rachel Davies. Passant par des émotions diverses et variées, sa voix se veut parfois chaleureuse et douce, souvent angoissante ou angoissée, et même à la limite de la possession, mais toujours captivante. Toujours est-il que les lignes mélodiques sépulcrales sont interprétées avec la manière. Même les quelques moments pendant lesquels elle semble avoir perdu la justesse sont appréciables. Par ailleurs l'apparition de la trompette dans The Jungle ou Those Dreadful Hammers est un véritable coup de cœur tant elle se glisse dans l'ambiance avec naturel.


Mais peut-être est-ce un peu long. L'univers créé par le trio ne mérite peut-être pas d'être étiré sur 54 minutes, car l'on en vient à avoir le ressenti d'avoir fait le tour. Manque de renouvellement, de nouvelles idées paraissent surgir et prendre le pas sur un album qui s'essouffle quelque peu mais reste cependant brillant dans sa globalité. Et dans sa finalité, Bathed In Light concluant avec douceur l'ensemble, comme pour nous donner les clés de la sortie d'un monde hostile.


Concluons simplement: A New Nature est un bon album de post-rock.

Naoned
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le 2 sept. 2016

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