La mélodie pleine d'amertume que jouent successivement ou en même temps la guitare et le piano nous fait glisser dans les méandres d'une tristesse profonde. Je m'aventure, en même temps que j'écris ces lignes, dans l'univers totalement inconnu dont je ne connais de l'artiste que le fait qu'il est plutôt ancré "dark folk" (j'avais cependant écouté The Failing Song il y a bien longtemps et elle m'avait beaucoup plus), et à vraie dire le nom de l'album n'annonçait rien de bien joyeux.
Ces éléments mis de côté, l'écoute de la première piste qui dégage un caractère et des idées forts me plaît énormément. La deuxième piste reste dans un rythme ternaire avec des voix aiguës et graves qui s'entremêlent aux sons de guitares. Les paroles sont empreintes de regret et d'amertume dans Guilty Party, et disparaîssent doucement au son des violons.
Toujours dans un ton dramatique, Matt Elliott répète inlassablement « We only seem to respond in kind, an eye for an eye only leaves us blind » à plusieurs voix.
Août 2000, quelques explosions, des arpèges, l'histoire vraie du Koursk. La chorale accompagne avec magnificience une plongée dans les abysses maritimes des voix superposées de Matt Elliott répétant inlassablement, comme dans les morceaux précédents, un seul et unique couplet qui rend hommage aux victimes du naufrage. Terriblement envoûtant.
Le piano prend de plus en plus de place dans What the Fuck Am I Doing on This Battlefield, dont les paroles ne sont constituées que de quelques mots. Le piano qui, dans A Waste of Blood, suit la mélodie chantée se laissant aller à des vibratos sur les dernières syllabes des vers. La piste se finit en échos s'éloignant au fur et à mesure. Ce qui permet d'attaquer le dernier morceau d'un album qui se termine sur vingt minutes effrénées aux sons drum'n'bass qui se mêlent brillamment à l'atmosphère restée intacte toute au long de l'album.
L'atmosphère d'un homme seul, accoudé au comtoir, le regard dans le vague, vide, perdu dans ses pensées, la mine défaite, rempli d'amertume, un verre en main pour noyer son chagrin, ses souvenirs, sa peine, alors que la fumée s'échappe de la cigarette qu'il fume machinalement. On a tout au long de l'album une répétition lente, délétère et pénible, dans une dramaturgie poétique, de mélodies, d'arrangements, de paroles désespérées. Idéal à écouter au beau milieu de la nuit.
Les piliers sont à mes yeux C.F. Bundy, The Kursk et The Maid We Messed, soit les pistes première, centrale et finale, encadrant parfaitement un album assez homogène.
Matt Elliott étale ses talent de multi-instrumentaliste, arrangeur, mélodiste et mélodramaturge avec brio, interprétant des textes concis mais efficaces. Chapeau.