Drinking Songs est un album d'ambiance. Ce n'est clairement pas ce qu'on écoute quand on bronze dans son hamac ou qu'on prépare tranquillement son barbecue, contemplant ses saucisses griller sous le soleil baignant la plaque et polissant les crânes chauves.
C'est ce avec quoi on se purge durant une nuit de grande déprime, complètement ivre, accompagné de bouteilles vides et de bouteilles pleines, quand on est sale et moche, et qu'on pue la merde, et qui nous amène à ne répondre que par des éructations à des questions sans réponse, perdues dans le brouillard de nos pensées qui divaguent et se traînent. C'est comme ramasser un miroir dans la boue et se contempler à travers sa glace, considérer toutes ces taches qui alors parsèment notre corps nu.
C'est quand on se rend compte qu'il est 3h30 du matin, qu'on est crevé mais qu'on refuse d'essayer de dormir car c'est une torture qu'on préfère soigneusement éviter, malgré le tic-tac angoissant de l'horloge qui n'explose jamais. No alarms and no surprises.
Et nous sommes obligés de suivre ces aiguilles, qu'on le veuille ou non, elles nous entraînent contre notre volonté et nous font serpillier le temps. La musique se répète et semble ne jamais s'arrêter, toute aussi ivre et désespérée que nous. Et l'on bouffe sans faim, et l'on boit avec une soif immense sans jamais réussir à l'étancher.
Tic-tac, tic-tac...
Drinking Songs est l'album qu'on écoute avant de crever.