Takk...
7.7
Takk...

Album de Sigur Rós (2005)

Hoppípolla : sauter dans les flaques


Il y a quelque chose de spécial chez Sigur Rós qui m'a caressé l'oreille dès la première écoute.


J'ai d'abord pensé à ce son prodigieux qui vous réchauffe le cœur et vous enveloppe d'un duvet de coton, redessinant le monde environnant, auparavant brûlant et hostile, en une vaste contrée enneigée où la nature a tous ses droits, le temps lui accordant cet instant de paix éternelle où chaque flocon nappant la terre s'avère être unique et essentiel à la perpétuelle magnificence du paysage.


Et puis j'ai songé à cette voix, engeance chérie de ce monde procréateur. Parce que, quand la musique de base est déjà merveilleuse, on pourrait craindre que l'ajout d'un chant ait l'effet d'un placard s'écrasant dans un vacarme assourdissant sur cette bulle isolée du temps et de l'espace.
Seulement voilà, cette voix n'a rien de l'aiguille destructrice. Miraculeusement, elle vient renforcer le tout, fortifiant la crédibilité de l'ambiance précédemment conçue. Elle est la brise matinale, la lumière des cieux étoilés qui vous guide dans la nuit froide, elle est dans chaque nuage qui vous protège des rayons ardents du soleil.


Mais nan, nan, c'était pas ça, tout ceci est bien beau mais c'était pas ce qui me bouleversait le plus.


En fait, je crois que dans cette musique, ce qui me donne envie de chialer jusqu'à être aussi sec qu'un cactus, c'est la sincérité.
Sigur Rós ne joue pas pour le fric, puisque la quasi-totalité de leurs chansons sont écrites en islandais (quand les cousin(e)s Björk et Of Monsters and Men prennent pas de risques dans ce domaine), ce qui aide à rendre le chant le plus authentique possible.
Sigur Rós ne joue pas pour faire passer des messages (tant de groupes ont rivalisé de prétention et de vacuité en s'y essayant).


Sigur Rós ne joue que pour une seule chose : parce qu'il en a besoin. Ses membres ont besoin d'extérioriser leurs émotions, c'est leur manière de communiquer, de pleurer, de s'enivrer de joie, ils jouent "comme ça vient" comme ils disent dans le jargon. Et ce qui est exceptionnel, c'est que la retranscription de tout ce fouillis dans leur musique est parfaite, et est à ce jour la seule que je pense pouvoir absolument comprendre, la seule dont les sensations qu'ils éprouvent lorsqu'ils jouent se transmettent dans leur totalité du plus profond de leur âme jusqu'aux tréfonds de la mienne.

Fanore
9
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le 11 oct. 2014

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Fanore

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